Taxe sur les boissons sucrées : comment réagissent les grands consommateurs ?
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Fabrice Etilé et Anurag Sharma
La taxe sur les boissons sucrées - qui est une taxe de droit d’accise forfaitaire - figure en bonne place parmi l’arsenal des mesures défendues par les promoteurs de la santé publique pour lutter contre l’obésité. C’est dans cet objectif officiel qu’en France, un droit d’accise spécifique sur les boissons à sucres ajoutés a été mise en place en janvier 2012. Les opposants à cette mesure avancent que ce type de politique de prix n’affecte pas les comportements des grands consommateurs, trop attachés à leurs habitudes de consommation, et qui pourtant ont les risques-santé associés les plus élevés (diabète notamment).
Dans cet article, Fabrice Etilé et Anurag Sharma testent cette hypothèse à partir de données de scanner enregistrant sur une année l’ensemble des achats de boisson d’un panel représentatif de 1300 ménages Australiens. Ils estiment l’effet des variations de prix des boissons à sucres ajoutés sur l’achat, selon le volume consommé par individu. Le niveau médian de leur consommation est de 2,5 litres par personne et par mois (L/pers/mois), soit environ le double de ce que l’on observe en France. Le 95e percentile s’établit autour de 26,6 L/pers/mois. Les auteurs montrent que plus les ménages sont de grands consommateurs, plus la sensibilité aux variations de prix décroît, Cette élasticité prix passe de -2,3 autour de la médiane à -0,2 au 95e percentile. Dit autrement, la réactivité face à une augmentation de prix est 10 fois plus forte pour un consommateur moyen que pour un grand consommateur. Cependant, la faible élasticité de cette catégorie de consommateurs appliquée à des volumes de consommation très élevés conduit à des variations de consommation plus importantes. Ainsi, un droit d’accise de 20 cents/L conduit à une baisse de la consommation de -1 L/pers/mois autour de la médiane, contre -2,4 L/pers/mois au 95e percentile. Les deux auteurs montrent également qu’une hausse des droits d’accise est préférable à une hausse de T.V.A. car elle augmente proportionnellement plus les prix des produits d’entrée de gamme, privilégiés par les grands consommateurs. En fin de compte, la taxation des boissons sucrées permet des réductions de risque santé plus importantes chez ces derniers.
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Titre original de l’article académique : “Do High Consumers of Sugar-Sweetened Beverages Respond Differently to Price Changes ? A Finite Mixture IV-Tobit Approach”
Publié dans : Health Economics - Volume 24, Issue 9, pages 1147–1163, September 2015
Téléchargement : http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/hec.3157/abstract
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