La taxation des boissons sucrées est, depuis 15 ans, une mesure de santé publique appliquée sur un nombre croissant de territoires. Cette intervention gagne à être évaluée, ce qui implique d’en clarifier les finalités. Basé sur les résultats d’un projet de recherche pluridisciplinaire, cet article analyse les conditions de la révision de la taxation des boissons sucrées en France en 2018. Il met en évidence que l’intention est plutôt de faire évoluer la qualité nutritionnelle de l’offre de boissons que d’influencer directement le comportement des consommateurs. Par ailleurs, il présente quelques effets associés à la mise en oeuvre de la taxe.
Auteur(s) : Fabrice Etilé Revue : Journal de droit de la santé et de l’assurance maladie
Afin de promouvoir une alimentation plus favorable à la santé, l’environnement des consommateurs fait l’objet d’interventions des pouvoirs publics visant à mieux les informer, à inciter les fabricants à améliorer la composition nutritionnelle des produits, ou encore à encadrer le marketing dont ces derniers font l’objet. Depuis quelques années, la taxation d’aliments et de boissons au profil nutritionnel peu favorable à la santé fait partie des mesures qui suscitent de l’intérêt. La taxation des boissons sucrées ou « taxe soda » fait partie des mesures recommandées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) (WHO 2022). En France, une taxe soda 1 a été instaurée en janvier 2012. Modifiée en juillet 2018, elle est désormais indexée sur la teneur en sucres ajoutés dans la boisson (Ministère de l’action et des comptes publics 2018). A l’heure où d’autres pays s’interrogent sur la mise en place ou l’optimisation d’une telle mesure, ce changement donne l’opportunité de tirer des apprentissages de son élaboration, de sa mise en œuvre et de ses effets sur l’offre et la consommation. C’est dans cette perspective qu’a été construit le projet de recherche Soda-Tax (2019-2023), coordonné par l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) en collaboration avec l’Ecole d’Economie de Paris, l’Institut National de la Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE), l’Université Sorbonne Paris Nord (USPN), et Nantes Université. Ce projet a été cofinancé par la Ligue Contre le Cancer dans le cadre de l’Appel à projets général de l’Institut pour la Recherche en Santé Publique (IReSP) – volet prévention et promotion de la santé 2018. Ce rapport synthétise les résultats de la recherche. Certains d’entre eux ont déjà été publiés. D’autres résultats seront soumis dans les prochains mois à des revues scientifiques dont le processus de révision par les pairs pourrait dans certains cas les amener à évoluer. Ces résultats sont donc ici communiqués à titre préliminaire, la diffusion de ce rapport ayant vocation à éclairer le pilotage de la mesure et à informer les acteurs intéressés dans un délai plus opportun.
In 2016, the World Health Organization officially recommended sugar-sweetened beverage (SSB) taxation as a strategy to reduce purchases, stimulate product reformulation and generate revenues for health-related programmes. Four years before, France had been one of the first countries to tax SSBs. However, the design of this tax was not considered optimal: its rate was flat, low, identical for SSBs and artificially-sweetened drinks containing no added sugars, and its initial public health justification was set aside in favour of budgetary concerns. In 2018, a new taxation scheme was enacted. Integrated in the Social Security Finance Bill, the tax on SSBs is now linearly indexed to the quantity of added sugars in the drink. In this article, we summarize the lessons learnt from the 2012 soda tax and offer insights on the potential public health benefits of the new tax enacted in 2018. A multidimensional framework aimed at gathering evidence about SSB taxation for public health drove our rational so that we address: (1) the soda tax policy-change process; (2) its impact on price and purchases; (3) the consumer receptiveness to the tax and; (4) its legal framework. We also discuss the potential application of the tax to other foods/nutrients.
In this stated preferences study, we describe for the first time French citizens’ preferences for various epidemic control measures, to inform longer-term strategies and future epidemics. We used a discrete choice experiment in a representative sample of 908 adults in November 2020 (before vaccination was available) to quantify the trade-off they were willing to make between restrictions on the social, cultural, and economic life, school closing, targeted lockdown of high-incidence areas, constraints to directly protect vulnerable persons (e.g., self-isolation), and measures to overcome the risk of hospital overload. The estimation of mixed logit models with correlated random effects shows that some trade-offs exist to avoid overload of hospitals and intensive care units, at the expense of stricter control measures with the potential to reduce individuals’ welfare. The willingness to accept restrictions was shared to a large extent across subgroups according to age, gender, education, vulnerability to the COVID-19 epidemic, and other socio-demographic or economic variables. However, individuals who felt at greater risk from COVID-19, and individuals expressing high confidence in the governmental management of the health and economic crisis, more easily accepted all these restrictions. Finally, we compared the welfare impact of alternative strategies combining different epidemic control measures. Our results suggest that policies close to a targeted lockdown or with medically prescribed self-isolation were those satisfying the largest share of the population and achieving high gain in average welfare, while average welfare was maximized by the combination of all highly restrictive measures. This illustrates the difficulty in making preference-based decisions on restrictions.
Auteur(s) : François Langot Revue : European Journal of Health Economics