La science économique au service de la société

Existe-t-il un partage optimal (théorique) du risque entre optimistes et pessimistes ?

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Aloisio Araujo, Jean-Marc Bonnisseau, Alain Chateauneuf et Rodrigo Novinski

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Dans la littérature existante, l’étude du partage des risques met essentiellement en scène des agents dits pessimistes. Dans ce contexte, le partage optimal du risque est tel que le risque global (macroéconomique) est supporté par chaque individu, dans une mesure qui dépend de sa tolérance au risque. Introduire des agents optimistes change a priori cette caractéristique. Dans un contexte de pari par exemple, un agent optimiste est prêt à prendre des risques en anticipant une issue favorable alors que le pessimiste préfère un paiement certain même s’il est inférieur en moyenne à un paiement aléatoire.

Dans cet article théorique, Aloisio Araujo, Jean-Marc Bonnisseau, Alain Chateauneuf et Rodrigo Novinski montrent que sous des conditions peu contraignantes, il existe un partage optimal des risques entre les agents économiques pessimistes et/ou optimistes. Par contre, si plusieurs agents sont strictement optimistes, c’est-à-dire préférant strictement un paiement aléatoire à sa moyenne, les auteurs montrent qu’au mieux, un seul de ces optimistes pourra éviter la ruine dans tous les cas possibles. Cependant, l’existence d’un partage optimal des risques entre les agents économiques pessimistes et/ou optimistes n’est plus valable, comme ils l’illustrent par un exemple, lorsque l’un des agents fait preuve d’un optimisme excessif. Cette notion est formellement définie dans l’article : un agent est d’un optimisme excessif, notamment, s’il considère uniquement le cas le plus favorable sans tenir compte des autres possibilités. Dans un dernier temps, les auteurs analysent, lorsqu’existe un partage optimal, dans quelles circonstances un agent pessimiste (1) peut avoir avantage à partager ses risques avec un optimiste plutôt qu’avec un pessimiste. Les exemples envisagés où toute possibilité de ruine est exclue suggèrent que ceci se produit seulement dans le cas usuel de risque agrégé, sachant que la présence d’un optimiste peut permettre au pessimiste d’inverser la distribution de sa richesse s’il le souhaite, alors que cela est impossible en présence d’un autre pessimiste.
Ce travail suggère donc que l’entrée sur le marché d’agents optimistes peut empêcher l’existence de partages optimaux en cas d’optimisme excessif ou conduire à des partages optimaux ruinant des agents strictement optimistes. Par contre, pour un agent pessimiste, partager ses risques avec un agent optimiste peut s’avérer parfois plus bénéfique que ce même partage avec un autre agent pessimiste.

(1) Tel qu’envisagé traditionnellement dans la littérature économique

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Titre original de l’article académique : “Optimal sharing with an infinite number of commodities in the presence of optimistic and pessimistic agents”
Publié dans : Economic Theory, Springer Verlag, 2016
Téléchargement : https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01336882/

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