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Chine : comment les entreprises domestiques s’intègrent-elles au marché mondial des exportations ?

Lien court vers cet article : http://bit.ly/1SZ7qNw

Florian Mayneris et Sandra Poncet

La Chine s’est imposée en 2013 comme la première puissance commerciale devant les Etats-Unis. Mais près de la moitié de ses exportations (47% en 2013) est le fait d’entreprises étrangères implantées sur le territoire chinois. Ces entreprises, généralement engagées dans le commerce d’assemblage (1), sont également les principales sources de l’amélioration du niveau technologique des exportations originaires de Chine. Plusieurs travaux soutiennent en effet que le niveau technologique des exportations manufacturières chinoises aurait moins progressé si l’on en avait exclu les activités étrangères. Au-delà de cet effet bénéfique direct sur la montée en gamme des exportations chinoises, les investissements directs à l’étranger (IDE) peuvent également soutenir de manière indirecte la performance exportatrice des entreprises domestiques chinoises. En effet, les entreprises nationales profitent notamment de ce qu’on appelle les externalités d’information (2) : être proche d’exportateurs étrangers peut faciliter la circulation d’informations précieuses pour les entreprises nationales en quête de débouchés internationaux pour leurs produits.

Dans cet article, Florian Mayneris et Sandra Poncet analysent la possibilité que les entreprises étrangères environnantes agissent comme des catalyseurs à l’exportation, favorisant la mise en place de nouvelles transactions pour les entreprises nationales. A partir de données douanières détaillées au niveau des entreprises, ils montrent que la capacité des entreprises nationales chinoises à exporter un produit donné vers un pays donné dépend positivement de la performance à l’exportation des entreprises étrangères voisines pour ce même duo produit-pays. Les auteurs précisent que cet effet d’entraînement est limité aux activités commerciales hors assemblage (aussi appelées ordinaires) des sociétés étrangères, les activités commerciales d’assemblage ne générant pas d’effet sur la performance à l’export des entreprises locales. Les externalités d’information apparaissent en outre plus fortes pour les produits sophistiqués, ce qui confirme que la présence d’exportateurs étrangers aide les exportateurs nationaux à monter en gamme. Toutefois, les externalités d’exportation, qui relèvent essentiellement du domaine informationnel selon les auteurs, restent faibles lorsque l’écart technologique entre les entreprises étrangères et nationales est important : ainsi, l’élargissement du portefeuille d’exportation des entreprises nationales chinoises ne peut pas se produire lorsque les entreprises étrangères ont déjà une forte avance. Ces résultats suggèrent ainsi que des politiques encourageant le partage d’informations sur les débouchés et la diffusion d’expériences internationales entre exportateurs peuvent aider les entreprises domestiques à intégrer le marché des exportations.

(1) Le commerce d’assemblage consiste à importer des produits intermédiaires (pièces et composants) pour les réexporter après transformation ou assemblage.
(2) Les externalités d’information sont des effets positifs non intentionnels sur les informations que détiennent les entreprises étrangères et dont bénéficient les entreprises chinoises.

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Titre original de l’article académique : “Chinese Firms’ Entry to Export Markets : The Role of Foreign Export Spillovers”
Publié dans : World Bank Economic Review, 29 (1) : 150-179, 2015.
Téléchargement : https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01044997

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