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EQUIPEX - Investissements d’avenir : le D-FIH de PSE lauréat

Cette page a été publiée en mars 2011. Pour accéder à toutes les informations sur les développements actuels de D-FIH : suivre ce lien


Le projet D-FIH (pour Données FInancières Historiques), déposé courant octobre 2010 par PSE-Ecole d’économie de Paris dans le cadre des « Équipements d’excellence-EQUIPEX », est lauréat de ce premier volet des « Investissements d’avenir » menés par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche. Ce projet est mené en partenariat avec le GIS Quetelet, l’Institut Louis Bachelier et le pôle de compétitivité Finance-Innovation.
Doté au total d’un milliard d’euros, cet appel à projets Equipex vise à donner aux laboratoires français les moyens d’acquérir des équipements scientifiques de pointe leur « permettant de réaliser des travaux de recherche au meilleur niveau mondial, au service de l’accroissement des connaissances et de l’innovation ». Un jury international, présidé par Philippe Le Prestre, professeur et directeur de l’institut Hydro-Québec (Canada), a ainsi retenu 52 projets sur les 336 soumis.


D-FHI, projet de bases de données boursières et financières historiques dirigé par Pierre-Cyrille Hautcoeur, recevra dans les prochaines semaines les premiers financements Equipex dont le montant total atteindra 3,1 millions d’euros. Entretien.

1. Pourriez-vous nous présenter en quelques mots le projet D-FIH ?

Il s’agit de sortir d’une situation dans laquelle la quasi-totalité des travaux en finance utilisent la seule base de données sur longue période existante : celle du CRSP à Chicago, qui porte exclusivement sur les actions américaines cotées à New York. Elle n’est donc certainement pas représentative de ce que peut attendre un investisseur ou une entreprise d’un marché financier en général. Par exemple, dans un travail récent mené à partir d’une base de données partielle construite par D. Le Bris sur la bourse de Paris depuis 1854, nous avons montré que la prime des actions (equity premium) sur les autres placements était plus faible en France qu’aux Etats-Unis, et pourrait mériter moins de considération qu’on ne lui a accordé.
Je propose donc de construire une base de données exhaustive sur les titres cotés en France depuis 1800, qui fournira un point de comparaison par rapport aux données américaines. Elle sera beaucoup plus riche car comportera tant actions qu’obligations, prix au comptant comme à terme, fermes comme optionnels, titres français comme étrangers, pour tous les marchés boursiers (libres ou organisés) français. Ceci devrait permettre d’aborder, outre les questions classiques de la finance, un certain nombre de questions qui restent peu traitées : rôle des bourses régionales, des marchés libres, des interactions entre marchés, choix de cotation des entreprises et des investisseurs, etc.

2. Comment sera constituée cette base ? Comment « vivra »-t-elle et quelles en seront les utilisations (ouvrages, accès public...) ?

La base sera initialement centrée sur les prix d’actifs financiers cotés en bourse, mais ne s’y limitera pas, dans la mesure où nous espérons y ajouter des données sur les opérations financières (émissions, transformations) et sur les émetteurs (entreprises en particulier). Une fois constituée, elle sera mise à jour pour les données récentes via un partenariat avec un projet parallèle centré sur la finance contemporaine, le projet Eurofidai du CNRS. Elle pourra cependant toujours être enrichie pour la partie ancienne, en particulier en ce qui concerne les données qui ne pourront pas être recherchées de manière systématique faute de sources (au moins pour certaines périodes), comme celles qui concernent les bilans et la gouvernance des entreprises.
Pour réaliser ce travail, plusieurs partenaires apportent leurs savoir-faire : si l’expertise scientifique (et d’abord historique) vient de PSE-Ecole d’économie de Paris, nous nous appuierons pour la réalisation opérationnelle de la base sur l’Institut Louis Bachelier, et pour la diffusion tant sur le GIS Quetelet (pour les académiques) que sur l’Agrégateur de données mis en place par le pôle de compétitivité Finance-Innovation (qui s’adressera principalement aux professionnels de la finance).

3. A court terme, quelles sont les prochaines étapes pour vous ?

La première étape est un recensement systématique des sources. Celles-ci seront ensuite scannées. En parallèle, la structure de la base de données sera conçue et testée. Une longue phase de saisie des cotes boursières et des annuaires fournissant les données recherchées sera entreprise sous le contrôle de l’ILB dans un pays à bas salaire grâce à une ONG avec laquelle nous sommes déjà en contact. L’intégration dans la base de données aura lieu en France, et la livraison se fera progressivement à partir sans doute de début 2013.

4. Quelles extensions possibles voyez-vous à ce projet ?

Ce projet s’insère déjà dans un ensemble plus vaste de projets coordonnés avec plusieurs partenaires européens en vue de développer une base de données intégrée des marchés boursiers européens sur longue période. La conférence EurHiStock, 3e du nom, que j’organise fin avril à PSE, va contribuer à construire la communauté scientifique qui va utiliser ces données. Je suis persuadé que cela conduira à modifier sensiblement nombre des résultats aujourd’hui acquis en finance, mais aussi la compréhension de l’histoire économique et financière.