La science économique au service de la société

Lettre PSE n°35 - mars 2019

Jean-Olivier Hairault (Directeur de PSE) : « Donnons à PSE les moyens de déployer tout son potentiel »

Gestion des forêts au Népal : de la centralisation aux coopératives locales

Antoine Clapier (PPD 2011) : parcours d’un « couteau-suisse »

« Repenser les liens historiques entre monnaie et finance », par Eric Monnet (PSE, Banque de France)

Rencontre avec Kevin M. Stange (Univ. du Michigan), invité 2018-2019



Donnons à PSE les moyens de déployer tout son potentiel

Jean-Olivier Hairault - Directeur de PSE. Accéder à son site personnel

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Douze ans après la création de PSE, le succès est incontestable. Les travaux de recherche publiés par nos scientifiques ont un impact académique reconnu par les classements internationaux ; nos programmes de formation attirent de plus en plus de candidats, venant du monde entier ; les contributions au débat public sont régulières et davantage remarquées. Toutefois, ce serait une erreur majeure de ne pas profiter de cet élan pour améliorer encore l’impact et l’attractivité de notre institution.

UNE INSTITUTION DE RECHERCHE ET DE FORMATION EN ÉCONOMIE, OUVERTE A D’AUTRES DISCIPLINES
D’abord en matière de recherche et de formation. PSE est forte de sa diversité thématique et méthodologique. Elle porte un projet scientifique et pédagogique au cœur de la science économique, où approches théorique, empirique, expérimentale et historique co-existent et doivent encore davantage se renforcer par des questionnements réciproques. Le projet scientifique depuis l’origine est également de construire des rapprochements avec d’autres disciplines. Cette spécificité mérite d’être prolongée et renforcée en structurant et en regroupant l’ensemble de ces ouvertures disciplinaires afin de leur donner une visibilité plus grande.

LA NÉCESSAIRE RÉAFFIRMATION D’UNE POLITIQUE DE RECRUTEMENT AMBITIEUSE
Quel que soit le thème ou l’approche, cette ambition scientifique implique également de travailler dès à présent au renouvellement du potentiel de recherche. Par une politique de recrutement ambitieuse et sélective, PSE doit attirer des leaders scientifiques confirmés ou en devenir. C’est le premier enjeu, et il est de taille dans un cadre institutionnel complexe. La campagne récente de recrutement d’un Assistant Professor, qui s’est soldée par l’embauche d’un jeune chercheur de NYU, est très encourageante. Nos potentialités d’attractivité sont considérables lorsque seuls les critères scientifiques entrent en ligne de compte, i.e. quand l’offre salariale est compétitive par rapport aux standards européens et les complexités institutionnelles inexistantes. Cela plaide très fortement pour augmenter les moyens autonomes de la fondation afin de compléter le soutien de ses institutions fondatrices.

CITOYENS, ENTREPRISES, MÉDIAS, POUVOIRS PUBLICS : DES RECHERCHES DESTINÉES A TOUS

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Ensuite en termes d’impact dans la société. Cela passe par un effort accru de valorisation et de diffusion de la recherche produite. La diversité et le positionnement scientifiques de PSE doivent lui permettre de relever les défis sociétaux auxquels nous sommes collectivement confrontés : transition écologique, transition numérique, transition démographique, transition éthique et politique. Il n’y a peut-être jamais eu une telle demande sociale d’éclairage des phénomènes économiques et sociaux et, plus que jamais, PSE doit y répondre et faire vivre de façon encore plus percutante la mission qu’elle s’est donnée de mettre la science économique au service de la société dans son ensemble. Elle le fait déjà avec force et réussite par l’intermédiaire de l’Institut des Politiques Publiques par exemple.

PSE doit davantage sortir du cercle académique et convaincre de l’intérêt de construire avec nous des partenariats scientifiques mêlant recherche et formation de haut niveau. Ces partenariats existent déjà sous forme de cinq Chaires de recherche (1) : elles garantissent l’indépendance des recherches tout en connectant profondément PSE au monde professionnel.

Au-delà des ressources qu’ils apportent à PSE pour porter ses programmes de recherche, ces partenariats nourrissent également les projets de recherche par les questions et problématiques des institutions et entreprises partenaires. Ils sont à la fois un moyen et un objectif pour la recherche et constituent de ce point de vue un dispositif sans égal. C’est pourquoi le défi majeur de PSE dans les prochaines années sera de multiplier le nombre de Chaires de Recherche, en particulier avec les entreprises privées. A chaque étape, ce développement se fera avec l’appui de nos chercheurs et en étroite synergie avec les partenaires extérieurs. La réussite et la pérennité de PSE passent par ce chemin. Nous allons devoir dans les prochains mois nous mobiliser collectivement et fortement autour de ces initiatives. Avec la même force que celle qui est déployée dans la recherche, la formation et l’évaluation des politiques publiques ! Nul doute que PSE saura alors convaincre de nouveaux soutiens et forger de nouveaux partenariats.

(1) Chaire Banque de France | Chaire hospinnomics, avec l’AP-HP | Chaire Économie de la dépendance des personnes âgées ; partenaires Fondateurs : PSE et la Fondation Médéric Alzheimer ; grand Partenaire : la Banque Postale ; partenaires associés : Mutex et MutRé | Chaire Travail, avec la Mairie de Paris, le Ministère du travail (DARES, DGEFP), Pole Emploi, et l’Unedic | Chaire SCOR-PSE.


Gestion des forêts au Népal : de la centralisation aux coopératives locales

Retour en images sur le lancement au Népal du programme de recherche « Governance of forest in Nepal : from centralized control to local users cooperatives ». Coordonné par PSE, ce programme est financé par le programme EDI, l’ANR GoLFor, en partenariat avec l’ICIMOD, l’INRA et le département des forêts au Népal, et avec le soutien de l’ambassade de France au Népal.

En novembre 2018, une équipe multi-disciplinaire de chercheurs s’est rendue au Népal. Cette mission commune visait à organiser la collecte et l’analyse de données sur les plans de gestion de près de 3000 groupements d’usagers de la forêt, sur leurs membres et les liens entre ces derniers et la politique locale. Cette équipe rassemble des économistes - Jean-Marie Baland (Université de Namur), François Libois (PSE, INRA), Mani Nepal (ICIMOD), Subhrendu Pattanayak (Duke University) et Andréa Renk (PSE, INRA et Université de Namur), des géographes - Olivia Aubriot (CNRS), Denis Blamont (retraité CNRS), Joëlle Smadja (CNRS), Romain Valladaud (Université de Fribourg), et un physicien de la télé-détection - Nicolas Delbart (Université Paris-Diderot).
Le projet, désormais lancé, durera en tout 42 mois.

Les informations de terrain et les documents administratifs ainsi collectés seront notamment croisés avec de l’imagerie satellitaire, afin de suivre l’évolution du couvert forestier en lien à la création de ces groupements. Des données sur les élections locales serviront à comprendre comment les succès et échecs de la gestion locale des forêts modifient les chances, pour ces gestionnaires, d’être élu au niveau local lors les premières élections organisées à ce niveau depuis 20 ans.

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Photographie n°1
Réception officielle à la mairie de Ribdikot et discussion avec les élus locaux.
De gauche à droite : D. Tamang (guide) ; A. Renk (PSE, INRA, Namur), R. Valladaud (Fribourg), JM. Baland (Namur), M. Nepal (ICIMOD), N. Delbart (Paris-Diderot), J. Smadja (CNRS), N. Bahadur (Maire de Ribdikot) et son épouse, F. Libois (PSE, INRA), A. Poudel (Directeur administratif, municipalité de Ribdikot), D. Blamont (retraité, CNRS)

Photographie n°2
Visite d’une pépinière de production de cannelier à Dobhan (district de Palpa, Népal)

Photographie n°3
Rencontre avec le directeur d’une scierie de la « Nepal timber corporation ». Bharatpur (Chitwan district)

Photographie n°4
Mesure de terrain de la hauteur des arbres en vue d’une validation au sol pour l’analyse par imagerie satellitaire. Forêt mixte dans le groupement d’usager de la forêt de Baghmara lié à la zone du tampon du parc national de Chitwan (Chitwan district, Nepal)

Photographie n°5
Mesure de la hauteur des arbres en vue d’une validation au sol pour l’analyse par imagerie satellitaire. Forêt de Sal (shorea robusta) dans le groupement d’usager de la forêt de Kalanki (Amilepani subdivision, Chitwan district, Nepal)


Antoine Clapier (PPD 2011) : parcours d’un « couteau-suisse »

Antoine Clapier est Secrétaire général d’Emmaüs Action Ouest - Accéder à sa page Linkedin

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Tout portait à croire que le cursus d’Antoine Clapier serait des plus classiques. Après avoir obtenu un baccalauréat scientifique, mais hésité entre des études scientifiques, de droit, ou à Sciences Po, il rentre en classe préparatoire math sup / math spé. A l’issue des concours, il choisit les Mines de Nancy, une école très généraliste. Durant sa première année, il se rend compte que le métier d’ingénieur ne lui correspond pas. En revanche, la palette des cours proposée lui permet de se découvrir un certain attrait pour la gestion et l’économie.

En dernière année, il rejoint l’école des Ponts ParisTech qui propose un cursus plus en accord avec ses envies. En 2006, très intéressé par les politiques publiques, il devient consultant à la Banque Mondiale à Nouakchott, en Mauritanie, une expérience très riche. Il continue ensuite son expatriation à Genève à partir de 2007 où il devient contrôleur de gestion chez JP Morgan. Cependant, très vite, il décide de revenir à Paris, souhaitant retrouver un métier plus en lien avec l’économie et les politiques d’emploi.

En 2009, il entre chez Adeo Conseil. L’envie de compléter son bagage de connaissances en économie et de mieux appréhender les politiques publiques l’encourage à prendre cette décision peu commune de retourner, trois ans seulement après son diplôme d’ingénieur, sur les bancs de l’école, et il intègre alors le master PPD – Politiques Publiques et Développement de PSE, en M2. L’étudiant-travailleur va alors vivre une période très intense rythmée par PSE et Adeo, entre les demandes de ses clients, des cours à suivre et un mémoire à rédiger. Il confesse facilement que le plaisir d’apprendre compense alors largement les contraintes de travail. Il articule les connaissances acquises à PSE et son expérience chez Adeo Conseil en consacrant son mémoire de Master à l’évaluation des politiques de formation par apprentissage.

En 2013, Antoine Clapier décide de quitter le métier de consultant qui le tient trop éloigné des processus de décision et de leur mise en œuvre. Il a également une envie grandissante d’entrer dans une entreprise entièrement tournée vers des causes humanitaires ou sociétales. L’ancien consultant part alors en Bretagne et devient chargé de mission chez Retrilog, une société membre de la branche « Economie Solidaire et Insertion » du Mouvement Emmaüs. En cinq ans, il évolue au sein de la structure pour devenir responsable financier puis plus récemment secrétaire général. Les métiers de direction sont particulièrement diversifiés, ce qui lui manquait lorsqu’il était consultant, et il se dit désormais tout à fait épanoui dans sa carrière !

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Début février 2019, l’association des anciens de PSE a inauguré son nouveau site Internet : https://pse-alumni.org/. Entreprises, universités, institutions, start-ups… : vous souhaitez faire circuler une offre d’emploi parmi les 850 anciens mastériens et doctorants PSE membres de l’association ? Contactez nous directement via alumni chez psemail.eu

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Repenser les liens historiques entre monnaie et finance

Eric Monnet - Professeur affilié à PSE, économiste à la Banque de France. Accéder à son site personnel, à son profil Linkedin, à son compte Twitter @MonnetEric

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La libéralisation financière amorcée dans les années 1980 et l’indépendance des banques centrales qui s’en suivit fit émerger une illusion et un excès d’optimisme envers la capacité de dissocier la politique monétaire de toute considération sur la stabilité financière et l’allocation des actifs financiers. L’idée répandue était que la régulation microéconomique suffisait à faire fonctionner de manière efficiente les marchés financiers. La politique monétaire pouvait se contenter de cibler l’inflation en déterminant un taux d’intérêt directeur, en agissant plus par la communication que par de larges interventions sur les marchés (1). C’était une rupture forte avec les pratiques du passé, surtout avec celles qui avaient prévalu en Europe (2).

LES DEUX MODÈLES « HISTORIQUES » DE BANQUES CENTRALES
Pour résumer à grands traits, les banques centrales connurent deux modèles historiques avant les années 1980. De leur naissance (au 19e siècle ou début du 20e siècle pour la plupart d’entre elles) à la fin des années 1930, elles évoluèrent dans une période où régulations financière et bancaire étaient quasiment absentes et – avant Keynes – les banquiers centraux ne pensaient pas en terme de politique macroéconomique. Le rôle des banques centrales était contraint par le taux de change et leur impératif de convertibilité des billets en monnaie métallique. Mais les banques centrales – alors détenues par des actionnaires privées – étaient avant tout des banques et, de fait, souvent la banque la plus importante du pays, prêtant au gouvernement, aux entreprises et aux autres banques, y compris pendant les crises financières, en appliquant des critères de sélection en fonction des emprunteurs et de leur garantie.

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Même dans un régime libéral, les banques centrales avaient un rôle important dans le développement financier des pays (et l’unification des conditions de crédit sur le territoire) ainsi que pour garantir la stabilité financière (notamment en gérant le risque de son bilan) et le crédit de l’État. A partir de la Grande Dépression – et encore plus après la Seconde Guerre mondiale – les banques centrales furent nationalisées et prirent un nouveau rôle à la fois dans la formulation d’un policy mix entre politique monétaire et politique budgétaire, et en tant que pièce maîtresse des États pour leur intervention dans le financement de l’économie (en lien avec la politique industrielle, le soutien aux exportations, les politiques de concurrence ou de développement régional). La gestion de la monnaie était associée à la gestion des cycles de crédit et l’allocation de ce dernier dans l’économie.

LE TOURNANT DES ANNÉES 1980 : UNE INSTITUTION AU RÔLE MINORÉ
La libéralisation des marchés financiers, la fin des contrôles de capitaux et la marginalisation des politiques industrielles changèrent progressivement la donne. Le rôle direct ou indirect des banques centrales dans le financement de l’économie devint marginal, leur bilan fut réduit au minimum – d’autant plus lorsque les pays adoptaient des taux de change flexibles – et le ciblage de l’inflation s’imposa comme l’objectif prioritaire.

La fonction de régulation bancaire ne fut pas nécessairement réduite mais elle fut déconnectée de la politique monétaire ; les ratios de liquidités ou de crédit n’étaient plus des instruments de gestion du cycle macroéconomique. Reprenant les termes de Milton Friedman, les économistes caractérisèrent cette mutation comme une dissociation bienvenue entre la politique monétaire et la politique du crédit (3) : ni l’allocation du crédit dans l’économie, ni la gestion des risques financiers n’avait à dépendre de la composition et du volume du bilan de la banque centrale.

UNE NOUVELLE POSITION CENTRALE, UN RETOUR CRITIQUE SUR LA FIN DU XXe SIÈCLE

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Le retour à la réalité fut violent et sans concession. Les banques centrales adaptèrent très rapidement leur modèle face à la crise financière de 2007-2008 et à ses conséquences, notamment en augmentant leur bilan jusqu’à des niveaux jamais atteints auparavant en temps de paix (40% du PIB en zone euro, 25% aux Etats-Unis, 80% au Japon), reprenant ainsi une place centrale dans le financement de l’économie.

Elles ont également développé la politique macroprudentielle qui vise quant à elle à utiliser des instruments de la régulation bancaire pour agir sur le cycle de crédit afin de limiter les risques financiers systémiques. Ce changement de doctrine des banques centrales a poussé les économistes à modifier leurs modèles macroéconomiques en enrichissant la prise en compte des systèmes financiers.

Ce changement pousse également les historiens économistes à relire l’histoire des banques centrales et leur rôle au sein des systèmes financiers avec un regard très différent de celui qui avait été porté sur le passé au cours des années 1980-2000. En ce sens, la crise financière a ouvert les yeux sur des pratiques historiques des banques centrales - et notamment l’ensemble des politiques qui n’étaient pas fondées sur le maniement des taux d’intérêt -, sur le lien entre la politique monétaire, les contrôles de capitaux, et les segments non-bancaires du système financier (nouvellement qualifiés de shadow banking) que l’histoire traditionnelle avait en grande partie passé sous silence (4).

Réécrire avec cette nouvelle perspective le récit du développement financier et des interactions entre la monnaie et des différentes formes de crédit vient enrichir la réflexion sur les options possibles pour les politiques financières et monétaires dans les décennies à venir.

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(1) Rose, Andrew K. « A stable international monetary system emerges : Inflation targeting is Bretton Woods, reversed. » Journal of International Money and Finance 26.5 (2007) : 663-681.
(2) Monnet, Eric. Controlling Credit : Central Banking and the Planned Economy in Postwar France, 1948–1973. Cambridge University Press, 2018. En particulier le chapitre 7.
(3) Goodfriend, Marvin, and Robert G. King. « Financial deregulation, monetary policy, and central banking. » Economic Review May (1988) : 3-22.
(4) Monnet, Eric. « Monetary policy without interest rates » American Economic Journal : Macroeconomics 6.4 (2014) : 137-69 ; Bazot, Guillaume, Michael D. Bordo, and Eric Monnet. « International shocks and the balance sheet of the Bank of France under the classical gold standard. » Explorations in Economic History 62 (2016) : 87-107 ; Monnet, Eric. « Credit controls as an escape from the trilemma. The Bretton Woods experience. » European Review of Economic History 22.3 (2018) : 349-360 ; Baubeau, Patrice, Eric Monnet, Stefano Ungaro et Angelo Riva, “Flight-to-safety and the Credit Crunch : A new history of the banking crisis in France during the Great Depression”. No. 13287. CEPR Discussion Papers, 2018.

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Visuel 1 - Tim Evans, Unsplash.com
Visuel 2 - Florian Vita, Unsplash.com


« C’est très intéressant de se demander comment rendre, in fine, le système [de l’enseignement supérieur] américain plus efficace et plus accessible »

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Au début de vos études supérieures, saviez-vous que vous alliez devenir économiste ?
Pas du tout ! Je suis entré au MIT pour devenir ingénieur dans le secteur industriel. Je travaillais particulièrement les mathématiques et la physique dans ce but. J’étais éventuellement intéressé par les politiques économiques et leur impact sur la société et les individus, mais sans jamais avoir eu l’idée de travailler dans ce domaine. Néanmoins, c’est en étudiant les entreprises de près que je me suis rendu compte à quel point j’étais intéressé par le marché du travail et le processus des aides sociales afférentes. Je me suis alors dirigé – je pourrais dire réorienté - vers une filière plus économique, d’abord au MIT en 2000 puis à Berkeley.

Pourquoi avoir choisi Berkeley pour réaliser votre doctorat ?
Je savais que je voulais faire ma thèse sur le thème du marché du travail. L’université de Berkeley avait une expertise particulièrement reconnue sur ces sujets, avec une culture forte de constitution et d’analyse de données, et de diffusion des résultats. J’ai donc opté pour une institution qui me permettrait d’avoir le plus de cartes en main pour la suite de ma carrière.

En tant que chercheur, vous avez beaucoup étudié le domaine de l’enseignement supérieur. Pourquoi ? Pouvez-vous nous en dire plus sur vos recherches ?
Le système de l’enseignement supérieur m’intéresse particulièrement car il est très complet : il est possible d’étudier à la fois les politiques publiques s’y rapportant mais aussi les comportements et stratégies individuels. Mes recherches visent à contribuer à la compréhension des différents processus à l’oeuvre au sein de l’enseignement supérieur. C’est très intéressant de se demander comment rendre, in fine, le système américain plus efficace et plus accessible. Je travaille sur les systèmes de frais de scolarité et notamment sur les écoles d’ingénieurs qui comptent parmi les universités les plus chères aux Etats-Unis.

J’étudie aussi les phénomènes sociaux en lien avec l’enseignement supérieur : les catégories d’individus diplômés, les types d’emploi et la rémunération dont ils bénéficient selon leurs différents domaines d’études. Cela m’aide par exemple à identifier les compétences les plus recherchées, les mieux rémunérées, ou encore celles jugées comme les plus « productives » sur le marché du travail américain.

Pourquoi avez-vous souhaité venir à PSE pendant une année entière ?
Mon travail se focalise uniquement sur les Etats-Unis ; à la fois mes recherches et mon activité d’enseignement. Je souhaitais étendre ma compréhension sur mes domaines de recherches au-delà de mon pays d’origine. De nombreux pays ont un système d’études supérieures totalement différent de l’américain. En France, historiquement, les universités ont des difficultés à être compétitives. Aujourd’hui, l’Etat essaye de changer cela. Il était intéressant pour moi de venir dans un pays dont le système est en restructuration. Je peux ainsi faire des comparaisons entre le système américain et français, ce qui permet de comprendre encore mieux les mécanismes en jeu.

PSE-Ecole d’économie de Paris est l’endroit idéal pour cela. C’est un centre de recherche international où j’échange intensément avec des chercheurs qui travaillent sur des sujets et avec des méthodes qui peuvent m’être utiles pour mes propres recherches. J’ai beaucoup de chance d’effectuer un séjour à Paris avant de retourner aux Etats-Unis pour approfondir mes études sur les connections entre l’enseignement supérieur et le marché du travail.