La science économique au service de la société

Note G-MonD n°18

Titre : « Income Hiding and Informal Redistribution : A Lab in the Field Experiment in Senegal »
Auteurs  : Marie Boltz, Karine Marazyan et Paola Villar
Résumé :

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En Afrique et dans de nombreux pays en développement, une grande partie de la population a un accès limité aux marchés financiers. De ce fait, leur filet de sécurité en cas de chocs est largement dépendant de leurs réseaux familiaux et sociaux. Cependant, la pression à redistribuer qui en découle peut représenter de forts coûts cachés pour certains individus. Afin d’évaluer ces coûts, les auteures ont mené, dans le cadre d’une étude originale au Sénégal, une expérience de laboratoire contrôlée et randomisée (“lab-in-the-field experiment”). Un premier volet de cette étude a permis d’estimer que les participants étaient prêts à renoncer en moyenne à 14% du gain obtenu lors de l’expérience afin de ne pas révéler celui-ci publiquement aux autres participants, et ce dans le but d’éviter cette pression redistributive. Dans un second volet, les gains ont été alloués de manière aléatoire, de manière publique (remis devant l’ensemble des participants) ou privée. Ceci a permis d’identifier que la possibilité de conserver ses revenus cachés permet de réduire de 27 % la part des gains transférés à la famille pour les individus les plus sensibles à la pression à redistribuer. Cette somme est réallouée à des dépenses de santé ou des dépenses personnelles. Il s’agit du premier article académique identifiant à la fois le coût individuel de cette redistribution informelle et le reliant aux décisions d’allocation des ressources de la vie quotidienne via une expérience contrôlée.