PSE lauréat de deux bourses « ERC Synergy Grant 2019 »
L’European Research Council (ERC) vient d’annoncer la liste des 37 lauréats européens des « ERC Synergy Grant 2019 », un dispositif hautement compétitif qui finance sur une durée de 6 ans, "deux à quatre chercheurs et leurs équipes pour mener conjointement des projets de recherche ambitieux". Il s’adresse à toutes les disciplines scientifiques, pour un total alloué de 363 millions d’euros. Cette année, trois projets en sciences humaines et sociales ont été sélectionnés, dont deux projets associant ou coordonné par PSE-Ecole d’économie de Paris.
Projet DINA – Towards a System of Distributional National Accounts
Chercheurs principaux : Thomas Piketty (PSE ; coordinateur scientifique), Brian Nolan (University of Oxford), Emmanuel Saez (University of California).
Eléments institutionnels : PSE est le coordinateur de ce projet qui sera mené par le World Inequality Lab (WIL). Thomas Piketty en est le responsable scientifique principal avec l’appui de Facundo Alvaredo (PSE/EHESS) et Lucas Chancel (WIL/PSE). L’OCDE est également un partenaire associé à ce projet (cette proposition), avec l’implication de Peter van de Ven. Le projet met l’accent sur le recrutement de jeunes chercheurs et permettra d’accueillir à PSE, durant un an, Gabriel Zucman, professeur à l’Université de Californie
Résumé : Ce projet vise à mettre en œuvre une approche renouvelée de la mesure de l’inégalité des revenus et des richesses, compatible avec les agrégats macroéconomiques, c’est-à-dire les comptes nationaux macroéconomiques. Cela devrait aider les chercheurs à construire des passerelles entre les données de distribution disponibles à partir de sources microéconomiques et les agrégats des comptes nationaux, de manière systématique.
C’est le principal objectif poursuivi par la DINA-Distributional National Accounts, où l’analyse de la croissance et des inégalités peut être conduite dans un cadre cohérent. Cet effort implique également la production de micro-fichiers synthétiques, fournissant des informations sur le revenu et la richesse, qui seront également disponibles en ligne. Ces micro-fichiers se concentrent sur des données individuelles qui ne résultent pas nécessairement d’une observation directe, mais proviennent d’estimations reproduisant la distribution observée des données sous-jacentes, notamment la distribution conjointe de l’âge, du sexe, du nombre d’enfants à charge, du revenu et de la richesse entre individus adultes.
L’objectif mondial est de publier chaque année des micro-fichiers DINA synthétiques sur les revenus et la richesse de tous les pays. De telles données joueront certainement un rôle crucial dans le débat public et serviront de base à des analyses approfondies par divers acteurs de la société civile et des milieux universitaires, économiques et politiques.
Projet GENDHI - Gender and Health Inequalities : from embodiment to health care cascade
Chercheurs principaux : Nathalie Bajos (INSERM ; coordinatrice principale), Michelle Kelly-Irving (INSERM), Muriel Darmon (CNRS) et Pierre-Yves Geoffard (PSE).
Eléments institutionnels : Coordination assurée par l’INSERM. PSE est partenaire du projet et recrutera une équipe de jeunes chercheurs notamment.
Résumé : Dans tous les pays européens, les inégalités sociales de santé demeurent omniprésentes. De nombreuses recherches ont identifié un certain nombre de facteurs sociaux ayant un impact sur la santé alors que d’autres ont précisé le rôle du système de santé dans l’évolution de ces inégalités. Cependant, le genre, en tant que rapport social de pouvoir entre hommes et femmes, est rarement considéré comme un facteur déterminant des inégalités en matière de santé et, lorsqu’il en est question, les cadres théoriques évoqués sont rarement pertinents. De plus, alors que les études en sciences sociales ignorent généralement les processus biologiques, les différences entre les sexes dans la recherche biomédicale sont souvent interprétées comme biologiquement irréductibles.
L’objectif de ce projet est de documenter et d’expliquer comment le genre recoupe d’autres hiérarchies sociales (classe sociale et appartenance ethnique) pour produire des inégalités sociales en matière de santé, de l’enfance jusqu’à la fin de l’âge adulte. En adoptant une perspective basée sur le parcours de vie, les chercheurs examineront deux questions de recherche complémentaires : premièrement, la "représentation de la santé selon le genre" ou la manière dont les corps en bonne ou en mauvaise santé sont socialement construits ; et deuxièmement, une "liste de soins de santé différenciée par le genre" ou la manière dont les comportements et les schémas de soins en matière de santé sont façonnés par le genre. Dans ce cadre, l’équipe se concentrera sur l’hypertension et l’infarctus du myocarde, la dépression, la maladie d’Alzheimer et le cancer colorectal.
La démarche est résolument pluridisciplinaire, associant sciences sociales et épidémiologie, en étroite collaboration avec les cliniciens. Les chercheurs développeront une analyse de triangulation basée sur une analyse quantitative secondaire de six grandes enquêtes transversales et sondages de groupes comprenant des marqueurs biologiques, des monographies familiales, des entretiens avec des jeunes, des patients et des professionnels de la santé, et des observations ethnographiques de visites médicales.