La science économique au service de la société

Mieux comprendre la préparation des « vieux jours »

Lien court vers ce résumé : http://bit.ly/2BAJeOU

Bénédicte Apouey

JPEG - 41.6 ko

Le vieillissement de la population pose un certain nombre de défis, en particulier celui des actions qui peuvent être menées pour améliorer le bien-être des seniors. Au niveau individuel, il est admis que la préparation des vieux jours améliore la qualité de vie quelques années plus tard. Cette préparation couvre plusieurs domaines, comme la préparation financière, la préparation dans le domaine de la santé, de la vie sociale, ou encore du logement. Si l’on admet que la vieillesse se compose de deux périodes, avec d’abord le troisième âge (au cours duquel les individus sont en bonne santé et autonomes) puis le quatrième âge (au cours duquel les pertes physiques sont plus marquées, allant parfois jusqu’à la dépendance), les activités de préparation sont susceptibles de changer selon la phase dans laquelle l’individu se trouve. Plusieurs facteurs pourraient expliquer qu’un individu choisisse de préparer ses vieux jours ou pas. Par exemple, on s’attend à ce qu’un individu plus altruiste vis-à-vis de sa famille prépare davantage ses vieux jours parce qu’il a tendance à internaliser les conséquences négatives de sa non-préparation sur son entourage. De plus, la préférence pour le présent (c’est-à-dire la tendance à préférer le présent au futur) devrait avoir un effet négatif sur les activités de préparation. Penser que l’on pourrait devenir dépendant dans le futur devrait aussi renforcer la préparation. Finalement, un individu dont l’espérance de vie anticipée est plus longue devrait préparer davantage, puisque la durée de vie augmente le bénéfice lié à la préparation.

Dans cet article, Bénédicte H. Apouey se concentre sur le rôle des préférences et des anticipations dans la préparation des vieux jours en France. L’analyse est réalisée à partir de données d’une enquête menée en 2016 auprès des adhérents d’une mutuelle âgés de 40 à 84 ans. Cette étude se concentre sur les individus de plus de 50 ans et l’échantillon comprend 1244 personnes. Les données contiennent des informations sur le sentiment général à l’égard de la préparation des vieux jours et sur huit activités précises de préparation (1). Elles contiennent aussi des informations sur la préférence temporelle des individus, leur degré d’altruisme, et leur anticipation de la dépendance et de leur espérance de vie. Les résultats sont assez marqués. Seule une moitié d’individus a le sentiment de préparer ses vieux jours ; mais deux tiers des personnes interrogées pensent qu’elles pourraient devenir dépendantes un jour. On observe que les femmes préparent davantage leurs vieux jours que les hommes dans un certain nombre de domaines, ce qui fait écho au résultat plus général selon lequel les femmes adoptent plus souvent des attitudes ayant des effets positifs sur la santé. Comme on pouvait s’y attendre, l’altruisme renforce les activités de préparation. La préférence pour le futur et l’anticipation de la dépendance et de l’espérance de vie ont des effets quasi systématiques et positifs sur les différents aspects de la préparation. Du point de vue des politiques publiques, ces résultats montrent que les préférences et les anticipations sont des ingrédients importants pour la mise en œuvre de mesures favorisant le « bien vieillir ». En particulier, ces résultats impliquent que les politiques devraient inclure des messages en direction des individus qui ont une forte préférence pour le présent.

(1) Epargne, souscription d’une assurance dépendance, efforts pour maintenir des liens sociaux et adaptation du domicile aux vieux jours, entre autres.

......................
Titre original de l’article académique : « Preparation for old age in France : The roles of preferences and expectations », Bénédicte H. Apouey
Publié dans : Journal of the Economics of Ageing (2018)
Téléchargement : https://hal.archives-ouvertes.fr/halshs-01489215v2/document
© potstock - Fotolia.com