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Comment investir dans les infrastructures des pays en voie de développement ?

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Antonio Estache, Tomas Serebrisky et Liam Wren-Lewis

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Selon différentes estimations, les économies en développement ont besoin de 1500 milliards de dollars d’investissement par an dans les infrastructures afin de générer une croissance soutenue et réduire la pauvreté. Pourtant, l’OCDE estime que ce chiffre atteint actuellement entre 800 et 900 milliards de dollars par an. Afin de combler cet écart, l’attention porte de plus en plus vers le potentiel rôle des financements privés par le biais des partenariats public-privé (PPP).

Dans cet article théorique, Antonio Estache, Tomas Serebrisky et Liam Wren-Lewis se demandent : à quel moment les pays en voie de développement devraient avoir recours aux financements privés ? Et quand doivent-ils utiliser les financements publics ? En particulier, ils considèrent les raisons fondamentales pouvant conduire à l’utilisation des fonds propres des entreprises et/ou au financement de projets via l’endettement privé ; puis les auteurs analysent la façon dont ces raisons peuvent être affectées par le contexte de développement et des économies émergentes. En règle générale, le financement public par la dette est moins cher que le financement privé sur fonds propres ou par endettement, et le recours aux financements privés doit ainsi être justifiée autrement. La principale motivation théorique pour les fonds privés repose sur l’hypothèse que le gouvernement a une capacité limitée à rédiger des contrats qui récompensent les entreprises qui réduisent leurs coûts ; par ailleurs la dette privée peut être utilisée comme mécanisme pour assurer que les utilisateurs des infrastructures vont payer pour ces investissements. Ayant exposé ces motivations de base pour les investissements issus du secteur privé, les auteurs utilisent ensuite ce cadre pour analyser comment différentes faiblesses institutionnelles courantes dans les pays en voie de développement peuvent influencer la source du financement utilisée. Si le gouvernement souffre d’une capacité d’engagement limitée, il est peu probable qu’il puisse lever des fonds privés conséquents. Le deuxième facteur le plus important pourrait être la responsabilité du gouvernement, car si ce dernier est lointainement incité à développer le bien-être social et collectif, il sera relativement peu intéressé par les solutions optimales. Si, toutefois, le gouvernement est en mesure d’accéder à des financements privés abordables, et que dans un même temps il se soucie autant des contribuables que des usagers des infrastructures, l’efficacité fiscale du gouvernement serait le facteur le plus important pour déterminer le choix de financement. Enfin, un gouvernement responsable qui fait face à des coûts potentiellement similaires pour les financements publics et privés, peut prendre en compte l’expertise de l’organisme de réglementation qui supervisera le fonctionnement de l’infrastructure. Au final, Antonio Estache, Tomas Serebrisky et Liam Wren-Lewis, montrent qu’il n’est pas évident de trancher a priori sur le fait que les pays en développement devraient utiliser plus ou moins de financements privés que les pays développés. En revanche, ils soulignent que le choix de financement dépend dans une large mesure du contexte du pays en question, et, en particulier, des faiblesses institutionnelles les plus structurelles.

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Titre original de l’article académique : “Financing infrastructure in developing countries”
Publié dans : Oxford Review of Economic Policy (2015) 31 (3-4) : 279-304
Téléchargement : http://oxrep.oxfordjournals.org/content/31/3-4/279.abstract

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