La science économique au service de la société

Pourquoi l’emploi des seniors est-il plus cyclique ?

Analyse des fluctuations du chômage à l’échelle d’une vie

Jean-Olivier Hairault, François Langot, Thepthida Sopraseuth

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Les profondes récessions économiques sont marquées par une montée du chômage, que les reprises économiques se chargent de faire ensuite diminuer. Celle de 2008 n’échappe pas à cette régularité empirique. En général, le taux de chômage global est le principal indicateur, des commentaires évoquant parfois le taux de chômage des jeunes ou des seniors - en partie différents de l’évolution générale. D’où viennent ces différences par âge ? Sont-elles redevables de différences dans les politiques de l’emploi ou au contraire intrinsèques au fonctionnement du marché du travail ? Pour répondre à ces questions dans un contexte où les politiques de l’emploi selon l’âge sont inexistantes, Jean-Olivier Hairault, François Langot et Thepthida Sopraseuth étudient les cycles économiques américains en considérant uniquement un chômage frictionnel issu d’imperfections informationnelles. L’âge des travailleurs est introduit par l’intermédiaire d’une modélisation par générations. Dans ce cadre, il est crucial d’analyser d’un côté la distance à la naissance qui renseigne sur l’expérience sur le marché du travail et l’accumulation de capital humain, et d’un autre côté la distance à la retraite, qui détermine l’horizon des investissements des entreprises et des travailleurs.
Dans cet article, les auteurs s’appuient sur l’enquête CPS réalisée aux Etats-Unis entre 1976 et 2010 qui détaille les taux de transitions entre emploi et chômage. Ils montrent dans un premier temps que les taux de sortie du chômage et les taux d’entrée au chômage présentent une plus grande volatilité pour les seniors, par rapport aux autres âges de la vie active. Cette volatilité est pourtant relative : il y a en moyenne moins de destructions/créations de postes pour les seniors. Mais l’emploi des seniors est, aux Etats-Unis, particulièrement sensible à la conjoncture. Dans un deuxième temps, les auteurs expliquent cette régularité empirique par les effets de « l’horizon court » des seniors dans le cadre d’un modèle de recherche d’emploi classique : au chômage, ils se voient statistiquement offrir moins d’opportunités, ce qui rend leurs salaires plus rigides que les autres travailleurs et réduit en conséquence la force de rappel sur la profitabilité des entreprises. Dit autrement, leur horizon court amplifie les fluctuations de profitabilité de leurs postes de travail. Ce résultat est en outre socialement optimal car il est souhaitable de faire porter l’ajustement en priorité sur les travailleurs dont la profitabilité de leur emploi se détériore davantage que la valeur de leurs opportunités extérieures.
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Titre original de l’article académique : Why is Old Workers’ Labor Market more Volatile ? Unemployment Fluctuations over the Life-Cycle
Publié dans : IZA Discussion Paper No. 8076 - Mars 2014
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