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UE, Brexit et ubiquité : comment modéliser ce qu’on ne peut observer ?

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Fabrizio Coricelli

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Depuis sa création, l’UE, qui connait une expansion continue, risque le premier cas de sortie avec le référendum du Brexit. Le débat sur les coûts et bénéfices de la participation à l’UE est généralement idéologique et, malheureusement, l’analyse théorique des effets économiques de l’intégration européenne donne des résultats ambigus. L’évaluation de ces effets est donc une question empirique, et l’enjeu central de cette analyse est la construction d’un ’’contrefactuel’’ significatif. Afin d’évaluer les effets de la participation à l’UE, il ne suffit pas de montrer la dynamique de croissance avant et après, ou en relation à un pays arbitraire (les Etats-Unis par exemple) : il faut pouvoir comparer la croissance du PIB après l’entrée du pays dans la zone économique avec celui de ce même pays s’il n’y entre pas. Observation empiriquement impossible…

Dans cet article, Fabrizio Coricelli, Nauro Campos et Luigi Moretti utilisent la méthode dite de « synthetic counterfactual method » (SCM) pour construire un contrefactuel relatif à toutes les étapes d’élargissements de l’UE. La méthode permet de créer un pays synthétique qui ressemble presque parfaitement à la dynamique de la croissance (ou de la productivité) du pays examiné avant l’entrée dans l’Union Européenne. Par ailleurs, la méthode se base sur la capacité de reproduire les facteurs déterminants de la croissance (ceux utilisés dans la littérature empirique sur la croissance). L’évolution de la croissance du pays après « l’intervention » (en notre cas l’entrée dans l’ UE) par rapport à l’évolution du pays synthétique est une mesure de l’effet de l’entrée dans l’UE. Les auteurs constatent un effet positif sur la croissance pour tous les pays, sauf pour la Grèce. Des éléments empiriques suggèrent que la participation à une union économique et politique, comme l’UE, engendre des bénéfices plus élevés que la simple intégration économique. C’est précisément la question posée par le référendum sur le Brexit. Le Royaume-Uni tend à considérer que la participation à une union économique est un élément positif, mais perçoit généralement la participation dans l’union politique comme négative. Expliquer les différences entre les effets de l’intégration économique et politique par rapport à l’intégration purement économique reste une question ouverte. D’ici fin juin, citoyens, hommes politiques ou encore économistes en sauront (un peu) plus sur ce sujet.

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Titre original de l’article académique : “Economic Growth and Political Integration : Estimating the Benefits from Membership in the European Union Using the Synthetic Counterfactuals Method”
Publié dans : CEPR Discussion Papers 9968.
Téléchargement : http://ftp.iza.org/dp8162.pdf

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