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A quel rythme croît le trafic aérien lorsque le PIB augmente ?

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François Bourguignon et Pierre-Emmanuel Darpeix

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Le transport aérien est à la fois un catalyseur et un indicateur du développement économique d’un pays. Il contribue à l’intégration des espaces domestiques (1) ainsi qu’à l’interconnexion des pays entre eux. Le niveau et la croissance du transport aérien sont également le reflet du dynamisme de l’activité économique d’un pays, de son attractivité, et de la richesse de ses habitants.

Dans cet article empirique, François Bourguignon et Pierre-Emmanuel Darpeix cherchent à étudier et à quantifier la relation qui lie le transport aérien et la croissance économique. En particulier, ils tentent de déterminer si l’élasticité du trafic aérien au PIB (2) est stable dans le temps, dans l’espace et pour différents niveaux de développement. En recourant à deux bases de données distinctes et à différentes méthodes d’estimation, les auteurs comparent systématiquement les élasticités obtenues sur les grandes régions en développement et sur le groupe des pays de l’OCDE – alors que les études existantes se focalisent presque exclusivement sur les marchés les plus matures. Les associations professionnelles mettent en avant une élasticité du trafic au PIB de l’ordre de 2 : tout point de PIB en plus s’accompagne d’un doublement du trafic aérien. F. Bourguignon et P-E. Darpeix estiment une élasticité inférieure à cela : en effet, 1 % d’augmentation du PIB est associée grosso modo à 1,3 % d’augmentation du trafic aérien, et cela vaut autant pour les pays de l’OCDE que pour l’Afrique subsaharienne. Ce ratio varie peu entre les années 1970 et les années 2000. En effet, les auteurs mettent en évidence une étonnante stabilité de la relation entre croissance économique et croissance du trafic aérien dans le temps, mais aussi dans l’espace et pour des niveaux de développement très hétérogènes. Pour des zones différentes et des époques différentes, une même taille de l’économie est associée à une même taille du trafic (3). Cet article détaille ensuite des techniques plus sophistiquées permettant d’affiner les résultats. En particulier, il ressort que la relation qui lie trafic aérien et PIB est relativement homogène entre les grandes régions en développement. Néanmoins, lorsque l’on prend en compte la possibilité d’une croissance autonome du trafic, la relation avec la croissance économique s’amoindrit. On ne peut plus alors rejeter l’hypothèse, au demeurant raisonnable, d’une élasticité-PIB égale à l’unité (autrement dit l’hypothèse d’un trafic aérien croissant au même rythme que le PIB), ce résultat restant valide tant à court-terme qu’à moyen-terme.

(1) Dans le cas par exemple des pays continents, ou encore des pays affectés par des obstacles géographiques majeurs, comme des chaînes montagneuses ou des déserts
(2) L’élasticité correspond au taux de croissance du trafic aérien associé à un accroissement du PIB de 1%.
(3) En d’autres termes, lorsque l’Amérique latine aura atteint le PIB de l’OCDE en 2016, le trafic aérien sera lui aussi comparable au trafic observé pour l’OCDE en 2016.

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Titre original de l’article académique : “Air traffic and economic growth : the case of developing countries”
Publié dans : PSE Working Papers n°2016-09
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