Comment les relations et les liens sociaux influencent-ils les comportements entre groupes ethniques ?

Fabrizio Panebianco

Dans nos sociétés modernes, les comportements interethniques influencent de plus en plus les relations sociales et les trajectoires économico-professionnelles. Les comportements de chacun à l’égard des immigrants peuvent peser sur les décisions politiques relatives aux flux migratoires ; qui plus est, les changements de comportements entre les différents groupes ethniques sont susceptibles d’influencer l’audience des partis politiques pro ou anti-intégration. Les enjeux socio-économiques sont également de taille, ce qu’ont confirmé nombre de recherches récentes : impact d’un nom à consonance étrangère sur la probabilité de décrocher un emploi, conséquences des origines sur les lieux d’habitation et les choix scolaires, effets à long terme quant aux carrières et aux revenus… L’homophilie ethnique semble être un facteur essentiel pour expliquer une partie de ces mécanismes. Dans cet article, Fabrizio Panebianco adopte une approche théorique afin d’expliciter les ressorts et changements des comportements interethniques : comment se transmettent-ils d’une génération à l’autre ? Comment s’articulent-ils avec les autres types d’influence sociale ? Que nous apprennent-ils sur les modalités d’intégration ?
La socialisation des enfants passe par des déterminants verticaux (les parents) et « obliques » (les autres enfants et adultes). Sur le long terme, le modèle théorique élaboré par l’auteur démontre que seuls ces derniers influencent les relations entre groupes ethniques : chaque « agent » module son comportement au contact de ses pairs et/ou reproduit celui que ces derniers adoptent à son égard. In fine, ces mécanismes de formation des comportements se traduisent soit par une intégration transversale, soit par un système de relations interethniques à plusieurs vitesses - quasi hiérarchisé. L’auteur précise que cette hiérarchie théorique est constituée des « scores » obtenus par chaque minorité ethnique selon la perception et le comportement des autres groupes à son égard. Ce résultat est ensuite appliqué au cas des Etats-Unis, en prenant en compte les travaux sociologiques les plus récents : à quoi pourrait ressembler la société nord-américaine dans quelques décennies ? F. Panebianco décrit une forte homogénéisation des comportements à l’égard de toutes les minorités, et des relations plus positives à l’égard de la communauté blanche. Ce résultat semble entrer en contradiction avec les politiques et objectifs d’intégration, mais il découle simplement d’une absence de réciprocité entre les Blancs et n’importe quel autre groupe ethnique. Favoriser cette réciprocité conduit à terme, dans ce modèle, à une intégration de toutes les communautés. Au final, les responsables publics sont invités à développer un cadre propice aux échanges constructifs et positifs entres groupes ethniques, ces influences jouant un rôle clé dans la modification des comportements.
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Titre original de l’article académique : Socialization networks and the transmission of interethnic attitudes
Publié dans  : Journal of Economic Theory, vol. 150, Pages 583–610 - Mars 2014
Téléchargement : http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0022053113001488
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