Thèse: Dans l’environnement, les organismes sont chroniquement exposés à diverses sources de rayonnements ionisants, qu'elles soient naturelles ou anthropiques en raison de l'utilisation de l'énergie nucléaire, qui peuvent induire plusieurs changements dans les fonctions biologiques des organismes. Chez les invertébrés, la reproduction, qui a un impact direct sur la dynamique des populations, s'est avérée être le paramètre individuel le plus radiosensible. La compréhension des voies moléculaires sous-jacentes induisant cette diminution de la reproduction peut aider à caractériser les effets précoces et à comprendre la radiosensibilité des espèces. Ce type de données peut être structuré dans le cadre de l'AOP (Adverse Outcome Pathway) afin d'établir un lien de causalité entre les événements initiateurs moléculaires et les effets indésirables à différents niveaux d'organisation biologique et de les comparer avec d'autres toxiques (exposome). Cette thèse visait à comprendre les déterminants moléculaires de la diminution de la reproduction (diminution de la taille de ponte) chez l'invertébré hermaphrodite du sol Caenorhabditis elegans, après une exposition chronique aux rayonnements gamma. Plusieurs voies et processus biologiques ont été étudiés (métabolisme des lipides, détermination du sexe et réponse au stress) afin de déterminer le ou les événements moléculaires initiateurs et les étapes clés de la diminution de la reproduction observée. Une étude en fonction du stade de vie a été développée pour identifier le moment de l'apparition et les mécanismes précoces des effets reprotoxiques. Nos résultats montrent que les effets reprotoxiques dépendent du stade de vie et sont liés à la régulation du métabolisme des lipides par la lignée germinale et la lignée somatique. De plus, nous avons montré comment les deux gamètes (spermatozoïdes et ovocytes) sont affectés par différentes voies de réponse radio-induites et contribuent de manière inégale à la diminution de la taille de ponte. Ces résultats contribueront à l'élaboration d'un schéma AOP, c'est à dire l'établissement d'un lien de causalité entre les effets observés à différentes échelles biologiques conduisant à une diminution de la reproduction, et finalement à l'amélioration de l'évaluation des risques environnementaux.