La politique budgétaire inversée

Article dans une revue: Depuis trois ans, le maintien d’un différentiel de croissance positif entre les États-Unis et la zone euro a été soutenu par une politique discrétionnaire franchement expansionniste aux États-Unis. En 2004, les États-Unis comptent encore sur une croissance supérieure au potentiel pour limiter la dégradation du solde public, alors qu’ils maintiennent une impulsion budgétaire largement positive. Cette politique dénote de celle de la zone euro, qui, avec un différentiel de croissance encore négatif par rapport aux États-Unis et une progression de l’activité à un rythme inférieur au potentiel, pratique une politique encore légèrement restrictive. Néanmoins, pour la première fois depuis sa création en 1999, la zone euro atteindrait en 2004 la limite de déficit de 3 % du PIB établie par le Pacte de stabilité et de croissance. La dégradation du solde public, entamée en 2001, s’est accentuée en 2003, notamment en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, en Grèce et en Italie. En 2004, aidé par un impact de la conjoncture moins négatif, le déficit agrégé des pays de la zone a évité de dépasser la limite de 3 % grâce à une impulsion négative de 0,1 point de PIB. La dégradation des finances européennes résulte de dynamiques divergentes. Si l’Allemagne, la France, les Pays-Bas et, dans une moindre mesure, l’Autriche ont su imprimer une amélioration à leur solde public, l’Italie, la Grèce et, dans une moindre mesure, le Portugal ont creusé davantage leurs déficits. Les pays qui partaient d’une position budgétaire excédentaire en 2003, tels que l’Espagne, la Belgique et l’Irlande, affichent des déficits en 2004. Tous les pays ayant amélioré leurs finances publiques ont obtenu ce résultat par une impulsion budgétaire négative. La contrainte du Pacte de stabilité et de croissance a donc été intégrée par les pays menacés de la procédure de déficit excessif en 2003, et la rigueur sur les dépenses a caractérisé encore en 2004 les restrictions budgétaires des pays européens. L’amélioration du solde public agrégé de la zone euro aurait lieu dès 2005. Suite à une réduction de 0,4 point, le déficit budgétaire reviendrait en deçà de la limite de Maastricht. Le retour à un taux de croissance supérieur à celui du produit potentiel y participerait marginalement. Le respect de la discipline budgétaire serait obtenu sans coûts supplémentaires, grâce à une restriction du même ordre qu’en 2004. Ce retour graduel à une politique plutôt neutre aurait lieu alors que les États-Unis auraient une impulsion plus négative. Le différentiel de croissance entre les deux zones pourrait alors, sinon s’inverser, au moins s’annuler.

Auteur(s)

Elena Stancanelli, Valerie Chauvin, Guillaume Chevillon, Odile Chagny, Hélène Baudchon, Gael Dupont, Catherine Mathieu, Christine Rifflart, Danielle Schweisguth, Hervé Péléraux, Mathieu Plane, Xavier Timbeau, Eric Heyer, Matthieu Lemoine, Paola Veroni, Amel Falah, Sabine Le Bayon

Revue
  • Revue de l’OFCE
Date de publication
  • 2004
Mots-clés
  • Politique budgétaire
  • Zone euro
  • Croissance
Référence interne
  • 2441/9labe9r4se65i789685qj0d3k
Pages
  • 147 – 161
Version
  • 1