L’axe de la croissance

Article dans une revue: La force de la croissance mondiale en 2004 (5 % en moyenne) a confirmé la vigueur de la reprise de 2003. Les années 2005 et 2006 devraient conforter le mouvement, à un rythme moindre cependant du fait de la résorption partielle des déséquilibres accumulés depuis 2001. Les deux principaux moteurs de la croissance mondiale resteront les États-Unis et la Chine, la zone euro et le Japon étant exclus de l’axe de la croissance. Outre sa vigueur, une autre caractéristique de cette croissance est la stabilité de l’inflation. Celle-ci est restée sous contrôle, en dépit de la hausse des prix du pétrole et des autres matières premières. La croissance mondiale demeure cependant sur une corde raide et les déséquilibres se sont accumulés : en particulier, le déficit courant des États-Unis ne cesse de s’accroître (6,3 % du PIB fin 2004, soit deux points de plus qu’en 2000). La facture pétrolière explique une partie de cette dégradation ; le reste est lié aux conséquences d’une économie qui s’endette pour croître. Les taux d’intérêt à long terme demeurent pourtant aux États-Unis, à peine plus hauts en 2004 qu’en 2003 (proches de 4 %). En effet, les banques centrales asiatiques ont accepté jusqu’ici de participer au financement du déficit extérieur des États-Unis, et par conséquent de la croissance américaine, car elles y trouvent leur compte. Faisant cela, elles soutiennent le dollar face à leur propre monnaie pour freiner l’érosion de leur compétitivité-prix, tout en assurant des débouchés à leurs produits sur des marchés étrangers en pleine expansion. Cette abondance de liquidités, qui maintient les taux d’intérêt à un niveau anormalement bas, peut engendrer des bulles sur les prix d’actifs. Aujourd’hui, les marchés immobiliers flambent et l’endettement des ménages atteint des sommets. La stabilité de l’inflation est la clé de cette mécanique, et c’est sur elle que reposent les principales hypothèses de notre scénario de résorption en douceur des différents déséquilibres et de poursuite de la croissance. Le déficit courant américain se stabiliserait dès le début 2005, grâce à la réduction progressive du déficit public, au ralentissement modéré de la demande intérieure et à des gains de parts de marché. La zone euro a tout à gagner à ce scénario d’atterrissage en douceur.

Auteur(s)

Elena Stancanelli, Guillaume Chevillon, Hélène Baudchon, Gael Dupont, Catherine Mathieu, Christine Rifflart, Danielle Schweisguth, Hervé Péléraux, Mathieu Plane, Xavier Timbeau, Eric Heyer, Matthieu Lemoine, Paola Veroni, Amel Falah, Sabine Le Bayon

Revue
  • Revue de l’OFCE
Date de publication
  • 2005
Mots-clés
  • Croissance mondiale
  • Déséquilibres
Référence interne
  • 2441/9labe9r4se65i789685qj0d3k
Pages
  • 39 – 78
Version
  • 1