L’évasion fiscale est-elle un trait de personnalité ? Une évaluation empirique des déterminants psychologiques de la « morale fiscale ».
Article dans une revue: Malgré un intérêt croissant pour les déterminants non-monétaires des comportements fiscaux (tax morale), la littérature récente apporte peu d'éléments empiriques sur le lien entre les caractéristiques de personnalité reliées à la moralité et la propension à l'évasion fiscale. Or de telles mesures sont nécessaires pour comprendre les canaux de transmission des dispositifs de lutte contre l'évasion fiscale. Pour pallier cette lacune, le présent article rend compte d'une expérience en laboratoire permettant d'observer à la fois les comportements de déclaration de revenu des participants et des mesures psychologiques issues de la littérature en psychométrie : soumission à la norme, empathie affective et cognitive, et propension à ressentir la honte et la culpabilité. Ces mesures sont combinées à l'aide d'une analyse en composantes principales afin d'en extraire les facteurs indépendants. Nos résultats montrent que la décision de frauder comme son intensité sont fortement liées à l'empathie affective, l'empathie cognitive et la dimension publique de la moralité (mesurée par la soumission à la norme et la propension à la honte). La propension à ressentir la culpabilité, en revanche, est sans effet. Surtout, le pouvoir explicatif global de ces mesures de moralité individuelles est relativement faible. Ce résultat remet en cause l'hypothèse d'une moralité fiscale intrinsèque, et met l'accent sur l'importance du contexte institutionnel pour comprendre les comportements d'évasion.
Auteur(s)
Nicolas Jacquemet, Stephane Luchini, Antoine Malézieux, Jason Shogren
Revue
- Revue Economique
Date de publication
- 2016
Mots-clés JEL
Mots-clés
- Évasion fiscale
- Traits de personnalité
Pages
- 809-828
URL de la notice HAL
Version
- 1
Volume
- 68