Thèse: Dans cette thèse, je combine les approches objective et subjective de la pauvreté afin d’apporter un éclairage nouveau sur le choix du seuil de pauvreté, ses déterminants et le recoupement entre pauvreté monétaire et multidimensionnelle. Mon approche est relative, cherchant à identifier une population marginalisée dans son appréciation ou son traitement, en lien avec la pauvreté perçue comme exclusion sociale, et pas seulement comme faibles revenus. J’utilise des données longitudinales de plus en plus détaillées, incluant des variables subjectives sur le vécu des individus, pour confronter la définition objective de la pauvreté avec la satisfaction de vie, le sentiment d’exclusion ou l’auto-évaluation de la santé. Mon approche, à la fois inductive et interdisciplinaire, mobilise des outils d’économie et de sociologie. Mes travaux portent principalement sur la France, à l’exception du chapitre 1 qui compare la France à d’autres pays (Allemagne, Royaume-Uni, Australie) ayant des taux de pauvreté similaires. Dans les chapitres 1 et 3, j’examine la pauvreté subjective à travers le bien-être ressenti, pour remettre en question le seuil de pauvreté monétaire et calibrer un indicateur multidimensionnel selon les préférences individuelles. Ces contributions proposent une nouvelle manière de définir la pauvreté, vue soit comme vulnérabilité économique, soit comme cumul de privations, dans la tradition d’identification de la pauvreté de (Sen, 1979). Chaque approche est discutée à la lumière de ce qu’elle apporte aux politiques publiques. Le chapitre 2 s’attache à quantifier les déterminants objectifs et subjectifs du sentiment d’exclusion sociale en France. En comparant ces résultats, je mets en avant les dimensions non monétaires de la pauvreté qui, combinées aux bas revenus, nuisent à la participation sociale des individus. Cette thèse a une double visée : heuristique, en approfondissant la compréhension du phénomène de la pauvreté à partir du ressenti des individus, et opérationnelle, en proposant des indicateurs concrets pour orienter les politiques publiques. J’appelle à enrichir les indicateurs actuels en intégrant un double seuil de pauvreté (grande pauvreté et vulnérabilité économique) ainsi qu’un indicateur multidimensionnel permettant d’identifier le cumul des privations. Ces indicateurs devraient être discutés à la lumière des concepts de justice sociale et enrichis par l’expérience des personnes concernées.