Préférences des ménages et demande d’actions dans la crise : France 2004-2014
Article dans une revue: Dans cet article, nous étudions les facteurs individuels expliquant la détention d’actions sous ses différentes formes, et leurs évolutions suite à la crise financière. Il existe trois principaux modes d’investissement dans les actions : acheter des titres en direct ; les acheter par l’intermédiaire de fonds communs de placement ; et enfin souscrire une assurance-vie liée à des fonds (contrats en unité de compte). Ces trois canaux n’impliquent pas les mêmes comportements. En effet, outre les caractéristiques de risque et de rendement, ils diffèrent par leurs coûts de transaction, leurs frais de gestion et leur fiscalité. En conséquence, il n’y a pas de raison a priori de considérer que les décisions de choix de portefeuille des ménages sur ces différents supports sont équivalentes et correspondent aux mêmes caractéristiques des individus. Les données suggèrent que la baisse régulière du taux d’actionnaires observée en France pendant la crise concerne aussi bien la détention directe qu’indirecte d’actions. Seule échappe à cette baisse la détention des contrats d’assurance-vie. Leur diffusion, croissante entre 2004 et 2014, ne peut cependant expliquer la moindre détention des autres produits-actions (pas d’effet de substitution). Les estimations économétriques permettent d’affiner l’analyse et d’identifier les caractéristiques spécifiques des actionnaires en fonction du support choisi : ceux qui investissent directement dans des actions sont plus riches, plus éduqués et relativement moins averses au risque ; ceux qui détiennent des fonds communs de placement sont un peu plus riches mais aussi plus averses au risque que les actionnaires en direct et ne sont pas plus éduqués ; enfin, pour les investissements en actions sur des contrats d’assurance-vie, la position dans le cycle de vie et la catégorie sociale jouent un rôle important, de même qu’une aversion au risque modérée et une préférence faible pour le présent. Les épargnants qui investissent dans des contrats d’assurance-vie le font davantage par prévoyance (financement de leur retraite par exemple) et ne recherchent pas forcément un rendement à court terme de leurs placements. L’information joue aussi un rôle prépondérant : la détention d’actions par les parents influence les décisions d’investissement des enfants. Enfin, une décomposition économétrique (Oaxaca-Blinder) permet de séparer les effets dus à l’évolution des caractéristiques de la population des effets dus aux changements des comportements sur la diminution du nombre d’actionnaires. Le fait que plus des deux tiers de l’effet global ne puisse pas être expliqué par les changements socio-démographiques met en évidence le fort impact de la crise sur les investissements en actions des ménages.
Auteur(s)
Luc Arrondel, Jérôme Coffinet
Revue
- Revue d’économie politique
Date de publication
- 2019
Mots-clés JEL
Mots-clés
- Choix du portefeuille
- Détention d’actions
- Paradoxe de la participation au marché des actions
- Finances des ménages
Pages
- 391-417
URL de la notice HAL
Version
- 1
Volume
- 129