Valeur et monnaie comme puissance sociale
Article dans une revue: L’économie mainstream connaît depuis une vingtaine d’années une mutation de grande ampleur qui vise à installer l’expérimentation au cœur de ses préoccupations. Son mot d’ordre est « priorité aux faits ». C’est en son nom qu’est critiquée l’hypothèse de l’homo œconomicus jugée par trop irréaliste. Notre analyse est tout autre. À nos yeux, ce qui limite l’analyse économique est son incapacité à prendre en compte ces forces collectives qui naissent du regroupement des individus en corps social. En effet, dans la perspective individualiste qui est majoritairement la sienne, le collectif, soit n’est rien d’autre que l’agrégation des décisions individuelles, soit prend la forme d’une règle du jeu supposée déjà là. Il n’est jamais appréhendé en tant que tel, dans sa consistance propre, dans son mouvement, en tant que puissance s’imposant au groupe. En nous inspirant de divers auteurs, cet article cherche à montrer que la tâche n’était pas insurmontable. Qu’il s’agisse de l’unisson du groupe (Durkheim), de l’affect commun (Spinoza) ou de la polarisation mimétique (Girard), c’est un même mécanisme élémentaire qui est proposé pour comprendre ce qu’il en est de l’autorité des liens communautaires. C’est alors la question de la valeur économique qui a plus spécifiquement retenu notre attention car dans cette nouvelle perspective, elle s’analyse comme une force collective, le pouvoir d’acheter, trouvant son fondement dans la vénération collective que suscite la monnaie. Les économistes auraient beaucoup à gagner à inscrire leurs réflexions dans ce cadre conceptuel.
Auteur(s)
André Orlean
Revue
- Revue Française de Socio-Economie
Date de publication
- 2024
Mots-clés
- Institution monétaire
- Communauté monétaire
- Faits sociaux
- Force collective
Pages
- 23-40
URL de la notice HAL
Version
- 1
Volume
- 2024/2