La science économique au service de la société

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Sommaire

Dernière mise à jour : 9 juillet 2021


Modalités de contagion, diffusion du virus et porteurs non identifiés : comment réduire la « variance » à moindre coûts

Ce travail s’intéresse aux processus de contagion lorsque l’information manque, que les porteurs ne sont pas identifiés, et que les individus sont contaminés via l’utilisation successive d’un même équipement. Réduire la variance - c’est à dire la dispersion autour de la moyenne - du nombre d’utilisateurs de cet équipement grâce à des mesures logistiques et d’organisation permet toujours de limiter la contagion, sans surcoûts. Ce résultat s’applique en partie au cas d’utilisation simultanée. Ces gains permis par une meilleure organisation peuvent être substantiels, mais ils décroissent lorsque la part d’individus contaminés dépasse un pourcentage significatif. Cela plaide fortement en faveur d’actions soit au tout début de la pandémie, soit à la fin de la période de la confinement.


L’anxiété augmente la propension à risquer l’exposition au COVID-19 chez les jeunes adultes en France

L’épidémie de COVID-19 a généré une grande incertitude quant à l’avenir, en particulier pour les jeunes adultes. Les menaces sanitaires et économiques, ainsi que les préoccupations plus diffuses concernant les conséquences de COVID-19, peuvent déclencher des sentiments d’anxiété, conduisant les individus à adopter des comportements réduisant l’incertitude. Nous avons testé si l’anxiété était associée à une augmentation de la Volonté d’être Exposé au Risque d’Infection par COVID-19 (VERI) à l’aide d’un sondage en ligne administré à 3 110 personnes françaises âgées de 18 à 35 ans pendant la période de confinement (avril 2020). Au total, 56,5 % de l’échantillon a déclaré un VERI positif. Le chômage était associé à un VERI plus élevé (+8,2 points de pourcentage (pp) ; 95 % IC +0,9-15,4 pp). Une augmentation d’un écart-type des revenus (+1160€) et de l’anxiété liée à l’état psychologique ont augmenté le WiRE de +2,7 pp (IC 95% : +1,1-4,4 pp) et de +3,9 pp (IC 95% : +1,6-6,2 pp), respectivement. Une augmentation d’un écart-type du risque d’hospitalisation perçu a été associée à une diminution de -4,1 pp (IC à 95 % : -6,2-2,1 pp) du VERI. Dans l’ensemble, nos résultats suggèrent que tant la perspective de pertes économiques que l’anxiété psychologique peuvent saper l’adhésion des jeunes adultes aux recommandations de distanciation physique. Les politiques publiques ciblant les jeunes adultes doivent tenir compte à la fois de leur situation économique et de leur santé mentale, et elles doivent utiliser des stratégies de communication réduisant l’incertitude.


Quand faut-il lever le confinement ? Un cadre d’analyse coûts-bénéfices centré sur le bien-être

Les dirigeants politiques ont décidé des modalités et du calendrier du confinement. Ils ont dû prendre en compte de nombreux facteurs. Pourtant, ces choix sont difficiles à prendre tant il est vrai que plusieurs éléments pris en compte sont très difficilement comparables et mesurables. Dans le cas du COVID-19 par exemple, les bénéfices économiques du déconfinement sont à comparer aux bénéfices sociaux et psychologiques, et l’ensemble doit être comparé aux potentielles augmentations de décès liés à une sortie (trop) précoce. Les auteurs proposent ici un cadre d’analyse permettant d’intégrer et d’analyser ces différents facteurs de façon plus systématique.


Le coût économique du confinement : une analyse hors équilibre

Dans cet article, les chercheurs utilisent un modèle de la dynamique l’économique hors équilibre pour étudier la propagation via les chaînes logistiques globales des chocs économiques liés au confinement. Le modèle est calibré à partir de données couvrant 56 secteurs industriels dans 44 pays. Les effets du confinement sont paramétrés dans le modèle comme des réductions de la production de certains secteurs qui conduisent à des ruptures d’approvisionnement dans d’autres secteurs. Le déséquilibre se manifeste dans le modèle par le délai avec lequel les agents réagissent à ces contraintes. Les résultats du modèle prévoient une baisse de la production mondiale baisse de 7% dès les premiers temps de la pandémie - lorsque la Chine est le seul pays (partiellement) confiné, et une chute de 23% au pic de la crise lorsque la grande majorité des pays sont en confinement. Ces conséquences directes sont amplifiées par la diffusion du choc à travers l’économie mondiale via les chaînes logistiques. Les répercussions peuvent être plus que multipliées par 2 à travers ces mécanismes. Les chercheurs s’intéressent également au processus de reprise économique qui devrait suivre la fin du confinement. Si tous les pays se réouvraient simultanément, l’économie mondiale mettrait environ un trimestre à revenir à son nouveau point d’équilibre. Ce délai de reprise serait significativement plus élevé si des confinements partiels étaient maintenus.


COVID-19 et surmortalité dans les communes françaises : pauvreté, conditions de logement et marché du travail

Ce projet de recherche vise à évaluer l’hétérogénéité de l’impact du COVID-19 sur la mortalité selon le niveau de richesse médian des communes en France et à étudier les mécanismes potentiels permettant d’expliquer une telle hétérogénéité. Dans un premier temps, les chercheurs mesurent l’écart de surmortalité expliquée par le COVID-19 entre communes pauvres et communes riches. Ils utilisent pour cela des méthodes statistiques rigoureuses (triple différence) qui permettent notamment d’isoler l’impact du COVID-19 de celui du confinement. Dans un second temps, l’équipe cherche à comprendre dans quelle mesure le taux de suroccupation des logements, la densité de population et la composition socio-professionnelle des communes peuvent contribuer au lien entre richesse et surmortalité liée au COVID-19 dans la commune. Si ces trois dimensions ne recouvrent pas l’ensemble des mécanismes possibles, une littérature récente a montré qu’elles constituent à la fois un vecteur de transmission et/ou d’exposition au virus et un marqueur prononcé du niveau de richesse.


La tenue d’élections pendant la pandémie de Covid-19 met-elle la vie des candidats en danger ?

Au début de 2020, la pandémie de Covid-19 a obligé la majeure partie de la planète à cesser toute activité non essentielle. La question de savoir s’il faut considérer les élections comme une activité essentielle dans ce contexte a fait l’objet d’intenses débats qui ont conduit à des décisions radicalement différentes à travers le monde. Les résultats empiriques permettant d’orienter les politiques publiques en la matière sont encore très rares. Ce projet de recherche vise à combler cette lacune en estimant l’impact de la tenue du premier tour des élections municipales françaises sur la mortalité des premiers intéressés, les conseillers municipaux et des candidats aux élections. Nous estimons l’impact des élections municipales françaises de la mi-mars 2020 sur la mortalité de 170 000 candidats masculins âgés de plus de 60 ans en utilisant l’appariement de plusieurs bases administratives. Nous trouvons que leur surmortalité en mars et avril a été similaire à celle de la population générale. Nous comparons ensuite les candidats des villes avec deux listes de candidats à celles des villes n’ayant qu’une seule liste, car les élections génèrent plus de contacts dans le premier groupe. Nous utilisons également un modèle de discontinuité de régression et nous étudions la mortalité en 2020 en fonction du résultat des candidats aux élections de 2014. Nous ne pouvons détecter aucun effet causal d’une participation active aux élections de 2020 sur la mortalité.


Test groupés avec homophilie pour combattre les épidémies avec porteurs asymptomatiques

La lutte globale contre la COVID-19 est entravée par la transmission asymptomatique et le problème des faux négatifs. Les tests groupés sont considérés comme indispensable pour lutter contre cette épidémie. J’examine le gains d’une prise en compte des interactions interpersonnelles hétérogènes, qui entraîne les risques de contagion, lors de la construction des groupes de tests. En effet, les interactions se font en blocs, phénomène connu sous le nom d’homophilie. L’homophilie peut-être identifiée ex ante à une échelle compatible avec celle des groupes de test, de sorte que le risque de contamination est plus élevé à l’intérieur d’un groupe de test que vers /depuis l’extérieur . Cela permet de dépasser les limites définies en théorie de l’information sur l’efficacité des tests groupés, ces limites étant fondées sur une hypothèse implicite d’homogénéité. Surtout, les tests groupés avec homophilie permettent de détecter des porteurs asymptomatiques qui seraient manqués même par des tests individuels exhaustifs, en raison des faux négatifs. A ma connaissance, il s’agit de la seule stratégie permettant de résoudre cette difficulté. Cette stratégie devrait être mise en oeuvre sur une fréquence au moins hebdomadaire pour correspondre au profil temporel de positivité des tests. Alors qu’1,19 million de tests sont effectués chaque semaine en France, cette stratégie est désormais applicable.


Comment les lois modifient-elles la perception des normes : le cas du confinement

Les lois n’influencent pas les comportements uniquement par leurs contreparties « matérielles » (via les amendes et autres sanctions), elles peuvent aussi les modifier par une évolution de la perception qu’ont les individus des normes sociales. Cela peut se produire via une modification directe des normes (la loi servant alors à installer des comportements appropriés dans une situation donnée) ou via la mise à disposition d’informations sur les normes pré-existantes (à travers des canaux dédiés). A partir de résultats détaillés de sondages quotidiens et en s’appuyant sur la période de confinement en Grande-Bretagne dans le contexte de la crise sanitaire du COVID-19, les auteurs mettent en lumière le fait que la loi a radicalement changé la perception des normes quant aux mesures de distanciation sociale. Ils montrent que cet effet de la réglementation est principalement alimenté par le canal informationnel car la norme sociale elle même reste inchangée. Les auteurs mettent également en avant le sur-pessimisme des individus vis à vis de la norme ; le renversement observé dans la perception de la norme vient d’une réduction conséquente de l’écart entre les perceptions normatives individuelles et la norme sociale.


La baisse des inégalités de revenus durant la pandémie de COVID dans 5 pays européens

Les auteurs utilisent les données de panel de l’enquête COME-HERE pour suivre l’inégalité des revenus pendant le COVID-19 en France, en Allemagne, en Italie, en Espagne et en Suède. L’inégalité relative du revenu disponible des ménages rapporté aux individus a évolué en forme de bosse au cours de l’année 2020. Une première hausse de janvier à mai a été plus qu’inversée en septembre. L’inégalité absolue a également diminué au cours de cette période. En tant que telles, les réponses politiques ont peut-être été plus bénéfiques pour les plus pauvres que pour les plus riches.