La science économique au service de la société

Projets en cours sur la pandémie

PNG - 1.7 Mo

Sommaire

Dernière mise à jour : 20 novembre 2020


Développement d’un module « COVID » dans le PRME PIC-R

Ce projet PRME (Projet de Recherche Médico-Economique), dont Lise Rochaix est responsable scientifique pour la chaire Hospinnomics, avec la contribution méthodologique de Luc Behaghel pour J-Pal Europe, porte sur une plateforme d’éducation thérapeutique par internet pour les patients en insuffisance rénale chronique et transplantés. Le suivi d’activité sur la plateforme dès le début de l’épidémie a montré que le nombre des visites sur la plateforme avait triplé entre le 1er et le 16 mars par rapport à un mois complet en temps normal. Le Comité de pilotage du projet a proposé la mise en place d’un module spécifique COVID, en cours de développement, afin de mesurer le ressenti des patients sur leur capacité à accéder à l’information médicale pertinente, les sources d’information utilisées, et le sentiment d’être bien entouré.

Ce projet a été mis en place par la chaire hospinnomics (AP-HP / PSE) « hospital - innovation - economics ». Ses chercheurs se sont également investis dans les actions suivantes :

Participation à des instances sur le COVID
La chaire est impliquée de manière active, à travers Jean-Claude Dupont, son directeur adjoint, dans le Comité de pilotage de la recherche mis en place par l’AP-HP sous la présidence conjointe des Pr. Steg et Yazdanpanah ainsi que dans le Comité scientifique et éthique de l’entrepôt de données de l’AP-HP en charge de l’analyse des projets portant sur la cohorte de patients atteints du COVID constituée dans l’institution.

Participation au Comité d’experts du Baromètre dataCOVID
Lise Rochaix fait partie du Comité d’experts du projet collaboratif Baromètre dataCOVID dont le rôle est de veiller à la qualité scientifique du questionnaire ‘cœur’ et du module complémentaire développé chaque semaine par IPSOS pour 5000 individus représentatifs sur un thème d’actualité (ex : Inégalités sociales en cours de développement, attitudes à l’égard de l’environnement en discussion).


Mécanismes d’incitations et recherches sur un vaccin contre le COVID-19

Un vaccin efficace protégeant contre l’infection à coronavirus fournira un outil extrêmement précieux pour contrôler l’épidémie sans avoir à revivre des épisodes de confinement généralisé, et à en supporter le coût social et économique considérable. Cet article explore les mécanismes d’incitation à l’innovation qui pourraient accroître l’effort de recherche sur les vaccins, et accélérer la mise en oeuvre d’un tel vaccin contre le COVID-19.


Un modèle de distanciation sociale avec agents hétérogènes

La distanciation sociale consiste à éliminer des liens dans le réseau social. Le confinement conduit à fixer une limite uniforme pour tous les agents quel que soit leur nombre de liens. L’objectif de ce travail est d’étudier un équilibre de distanciation sociale dans un modèle où les agents sont hétérogènes dans leur nombre de liens, étendant le modèle de Toxvaerd (2020) qui traite des agents homogènes. L’originalité du modèle par rapport aux modèles d’épidémiologie classiques est de tenir compte du comportement des agents, qui font face à un arbitrage entre le coût de la distanciation sociale et le bénéfice du contrôle de l’épidémie. Les techniques utilisées font appel aux modèles de champ moyen utilisés dans l’étude des réseaux complexes (« Degree Based Mean Field »). Au final, les auteurs chercheront à étudier l’effet de politiques de distanciation sociale non uniformes, qui ciblent différentes populations d’après leur nombre de liens sociaux.


Compenser les décès

Cet article théorique aborde la difficile question de la compensation des victimes de décès prématurés, et, ce faisant, la question de l’architecture d’une « assurance contre la mort » ou une « assurance contre une vie courte ».
Un décès prématuré constitue un dommage singulier, de par l’ampleur des pertes causées par cet évènement, et par le caractère irréversible de la mort. Il semble à première vue impossible de compenser les personnes qui décèdent prématurément pour le dommage subi. En effet, si on se place ex ante (c’est-à-dire avant que les durées de vie individuelles ne soient révélées), il est impossible d’identifier précisément les personnes qui décéderont prématurément. L’information disponible dans les statistiques concerne nécessairement des groupes (p.e. espérances de vie selon le sexe), alors qu’à des fins de compensation c’est au niveau de l’individu qu’il faut connaitre la durée de vie. Par ailleurs, si on se place ex post (c’est-à-dire une fois les durées de vie individuelles connues), il est généralement trop tard pour intervenir et offrir une quelconque compensation au défunt. Dans cet article, les auteurs montrent cependant que, malgré ces difficultés, il est possible de fournir une compensation aux personnes qui décèdent prématurément. Cette compensation est obtenue en favorisant des profils de consommation décroissants avec l’âge. En effet, même si les personnes à vie courte sont difficiles à identifier ex ante, on sait avec certitude qu’en allouant les ressources davantage vers les jeunes âges de la vie, on va nécessairement améliorer le sort des personnes malchanceuses qui décéderont prématurément.
D’une manière générale, la maxime « transférer les bonnes choses de la vie en début de vie, et les moins bonnes choses de la vie plus tard » contribue nécessairement à améliorer le sort des personnes qui décèdent prématurément, malgré l’impossibilité de les identifier ex ante. La construction d’un Etat Providence plus juste, offrant une assurance contre un décès prématuré, passera par l’application de cette simple maxime.


Seuils d’âge et relation entre entropie de la durée de vie et risque de mortalité

Cet article porte sur la mesure de la quantité de risque concernant la durée de la vie. En effet, les êtres humains font face à une incertitude fondamentale concernant la durée de leur vie : ils savent qu’ils vont mourir un jour, mais ne connaissent pas le moment de leur décès futur. Le temps de vie, cette ressource fondamentale pour réaliser ses plans de vie et ses rêves, est en même temps une ressource dont personne ne connait la quantité disponible. Il s’agit là d’une des incertitudes les plus importantes auxquelles tous les hommes sont confrontés. Certes, des tables de mortalité permettent de calculer la probabilité de vie de différentes longueurs, de sorte que le terme exact est plutôt une situation de risque sur la durée de la vie (plutôt qu’une incertitude). Mais cela ne change pas profondément le problème : personne ne sait quand il va décéder. Dans un article précédent (Human lifetime entropy in a historical perspective, Cliometrica, 2020), Patrick Meyer et Grégory Ponthière avaient proposé de quantifier le risque sur la durée de la vie à l’aide de l’indice d’entropie de Shannon défini en base 2. Cet indice est l’équivalent informationnel de l’espérance de vie : au lieu d’être l’espérance mathématique de l’âge au décès, c’est l’espérance mathématique de la quantité d’information révélée par l’événement d’un décès à un âge particulier. L’entropie de Shannon mesure le risque sur la durée de vie en bits : il rend ainsi la quantité d’information révélée par l’évènement d’un décès à un âge donné commensurable avec la quantité d’information révélée par un simple lancer de pièce de monnaie (à savoir un bit).
Le papier « Threshold Ages for the Relation between Lifetime Entropy and Mortality Risk » étudie l’effet de chocs de mortalité tels que les épidémies sur le risque quant à la durée de la vie, mesuré par l’entropie de Shannon en base 2. Les auteurs montrent l’existence d’un seuil d’âge, seuil où le signe de cet effet change. Pour la France contemporaine, ce seuil d’âge se situe autour de 81 ans. Avant cet âge, un choc de mortalité augmente le risque sur la durée de la vie mesuré. Après cet âge, c’est l’inverse et un choc de mortalité réduit le risque sur la durée de la vie. Ce travail montre que l’effet d’un choc de mortalité sur le risque associé à la durée de la vie prend des formes très différentes selon l’âge. Un choc de mortalité avant 81 ans augmente le risque sur la durée de la vie, tandis qu’un choc de mortalité au-delà de 81 ans réduit le risque sur la durée de la vie. Ce résultat apporte une lumière sur l’effet de l’épidémie sur le risque quant à la durée de vie, effet qui est très important pour la prévision des effets économiques de l’épidémie. Comme les individus ne sont pas neutres vis à vis du risque sur la durée de vie, cette évolution asymétrique du risque sur la durée de vie en fonction de l’âge risque de se traduire par des réactions comportementales variées.


Inassurable le covid-19 ?

Certains sinistres, parce qu’ils touchent simultanément un grand nombre de victimes, dépassent la capacité financière des assureurs. Ils sont exclus du champ de l’assurance. C’est le cas des épidémies. Les règles prudentielles, par leurs exigences en fonds propres, révèlent bien l’impuissance des mécanismes standards d’assurance. Pourtant, la coassurance – ou partage des risques entre assureurs sous forme de « pools » – améliore la capacité financière globale et le niveau d’information engrangée par le secteur.
La crise liée au coronavirus soulève la question de l’assurance du risque pandémique. La création d’un régime d’assurance de catastrophes sanitaires est discutée. Un partage de risque entre l’Etat et un pool d’assureurs est envisagé. Le mode de fonctionnement d’un tel pool devra être choisi avec soin : l’organisation d’un pool via un courtier aux prérogatives précises peut apporter la couverture d’un grand nombre de risques. Les assurances même partielles sont mieux que le vide actuel !
>> télécharger le résumé complet (pdf)


Place aux « soirées post-covid » ?

Face à la première vague épidémique, les gouvernements ont imposé des mesures de confinement aux conséquences lourdes pour l’économie et les libertés publiques, alors même que le virus présente jusqu’à présent peu de risques pour les enfants et les jeunes adultes. Cette recherche s’intéresse plus particulièrement aux réactions potentielles de ces derniers à l’heure du déconfinement. Est-ce qu’ils pourraient être tentés de ne pas jouer le jeu de la distanciation physique, dans un mélange de défiance par-rapport à une politique qui semble les sacrifier, de désir individuel d’être enfin immunisé et, pourquoi pas, d’envie de contribuer à l’immunité collective de la population ? Une enquête originale, réalisée en Avril 2020 auprès d’une population âgée de 18 à 35 ans, nous permet d’étudier quelques déterminants clés de l’effort de distanciation physique : perception des risques, préférences sociales, et conditions socio-économiques. Ces analyses contribueront également aux réflexions en cours sur le bénéfice potentiel de politiques de distanciation différenciées par âge, en prévision de la seconde vague épidémique.