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La dynamique des inégalités mondiales : nouveaux résultats de WID.world

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Facundo Alvaredo, Lucas Chancel, Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman

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Cet article présente de nouveaux résultats sur la dynamique des inégalités mondiales, issus de la base de données World Wealth and Income Database (WID.world). Une attention particulière est portée aux contrastes entre les évolutions américaine, chinoise, française et britannique. Il s’agit de s’intéresser tour à tour à la dynamique des inégalités de revenus, au rapport entre capital public et capital privé et à la dynamique des inégalités de capital.

Dans cet article, Facundo Alvaredo, Lucas Chancel, Thomas Piketty, Emmanuel Saez et Gabriel Zucman suivent la méthodologie des Comptes Nationaux Distributifs (ou DINA, « Distributional National Accounts »), afin de répartir la croissance macroéconomique entre différentes classes de revenu. Sur la période 1978-2015, ils observent une forte croissance cumulée du revenu avant impôt des 50% les plus modestes en Chine (401%), une croissance modérée pour ce même groupe en France (39%) et une croissance négative aux Etats-Unis (-1%). Sur la même période, la croissance du revenu moyen a été respectivement de 811% en Chine, de 59% aux USA de 39% en France. Les revenus des 0,1% les plus aisés se sont accrus plus rapidement que la moyenne : de 2261% en Chine, de 84% en France et de 321% aux Etats-Unis. Dans la quasi-totalité des pays couverts par WID.world, les auteurs observent une hausse des inégalités de revenu, mais dans le cadre de dynamiques macroéconomiques et de contextes politiques et institutionnels très différents. Pour ce qui est du capital, ils remarquent un net déclin de la propriété publique, au profit de la propriété privée. En Chine, par exemple, la part du capital public dans le capital total est passée de près de 70% à 35% entre 1978 et aujourd’hui. Dans les pays industrialisés, cette part est passée de 15 à 25% à moins de 5% sur la même période, atteignant des valeurs négatives au Royaume-Uni et aux USA (où la puissance publique a plus de dettes que d’actifs). Cette baisse de la part du capital public a eu des conséquences considérables sur les niveaux d’inégalité de revenus et de patrimoine, ainsi que sur la dynamique de cette inégalité. La part des richesses détenue en Chine par les 1% les plus aisés a doublé depuis 1995, passant de 16% à 30%. L’accès inégalitaire au processus de privatisations a joué un rôle central dans la hausse des inégalités chinoises, particulièrement au sommet de la distribution. En France et au Royaume-Uni, la dynamique est notoirement différente : la part détenue par les 1% les plus riches est passée de 15% au milieu des années quatre-vingt à environ 20% de nos jours. La forte hausse des prix immobiliers a contribué à atténuer la dynamique de concentration du capital. Aux États-Unis, la part des richesses du top 1% est passée de 25% à 42%. Une plus forte inégalité des revenus, combinée à la stagnation du revenu des 50% les plus modestes permet d’expliquer une telle hausse de la concentration du capital aux USA.

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Titre original de l’article académique : Global inequality dynamics : new findings from WID.world
Publié dans : A paraître dans American Economic Review : Papers & Proceedings 2017, 107(5) : 1-7
Téléchargement : http://www.nber.org/papers/w23119.pdf
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