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Développement, Globalisation

Ce sont les modèles productifs qui doivent être modifiés en profondeur à l’échelle planétaire à travers la réorganisation des chaines de valeur internationales. Les traités internationaux en matière de commerce et de règles environnementales doivent permettre la coopération entre les pays, là où existent des tentations de compétition et de comportements opportunistes. L’ensemble de ces questions se posent pour tous les pays avec la même urgence mais selon des modalités certainement différentes pour les pays émergents, a fortiori les pays en développement, dont il s’agit de prendre en compte les spécificités pour ne pas doubler la crise environnementale d’une crise de développement.

Les négociations environnementales visant à préserver les biens communs globaux tels que le climat suscitent inévitablement des phénomènes de passager-clandestin. Si une part suffisante de pays réduit suffisamment leurs émissions de CO2, le réchauffement climatique est considérablement réduit, et tous les pays, qu’ils aient réduit ou non leurs émissions, en bénéficient. Il est donc généralement dans l’intérêt de chaque pays isolément de laisser la charge des efforts aux autres. Une question importante concerne la conception de protocoles de négociation fournissant les bonnes incitations dans de tels contextes.

Des questions semblables surgissent pour les acteurs privés. Le développement de chaînes d’approvisionnement mondiales est souvent identifié comme un facteur permettant aux entreprises multinationales d’éviter la responsabilité de leurs impacts environnementaux néfastes sur les communautés locales, soit en se cachant derrière le « voile corporatif » (en agissant par l’intermédiaire de leurs filiales ou en faisant porter la responsabilité à leurs partenaires locaux) ou en abusant d’une réglementation nationale faible et mal appliquée dans les pays en développement. Plusieurs cadres internationaux ont été établis à titre indicatif, pour encourager la contribution positive que les entreprises multinationales peuvent apporter au progrès environnemental, et minimiser et résoudre les dommages pouvant résulter de leurs opérations.

Les coûts et les conséquences de la dégradation de l’environnement mondial peuvent être particulièrement importants pour les populations les plus pauvres et les plus vulnérables du monde, dont les moyens de subsistance dépendent souvent principalement de leurs ressources naturelles locales. Les changements climatiques induits par les changements climatiques perturbent les saisons agricoles traditionnelles, l’augmentation des catastrophes naturelles affecte leurs moyens de subsistance de manière plus générale, la dégradation des terres réduit la valeur de leur actif le plus productif et la perte de biodiversité peut entamer considérablement leur capacité à explorer d’autres options de production ou de consommation. Dans le même temps, l’amélioration du niveau de vie dans de nombreuses régions du monde en développement, et en particulier dans les marchés émergents, au cours des 100 dernières années, et l’augmentation connexe de la consommation, de la pollution et de la densité de population dans certains endroits, ont accru la pression sur l’environnement. À l’échelle mondiale, ces tendances sont toujours en cours et remettent en cause la durabilité des modes de production et de consommation actuels. Cependant, derrière le tableau global, les enjeux de développement sont hétérogènes et recouvrent des réalités différentes. En termes d’analyse, elles nécessitent des méthodologies diverses, bénéficient d’interactions entre plusieurs disciplines scientifiques et nécessitent l’intégration de points de vue contrastés. Les recommandations politiques doivent donc être nuancées, éclairées par des recherches rigoureuses et conçues en intégrant une diversité de situations et d’objectifs.

Les systèmes agro-alimentaires sont soumis à des risques croissants et corrélés. Les producteurs agricoles sont fortement touchés par les dérèglements climatiques et économiques. La déforestation ne cesse de s’accélérer, notamment en zone tropicale. Côté demande, les besoins ne cessent de croître et de se renouveler. Selon les Nations-Unies, la population mondiale devrait continuer de croître au cours des prochaines décennies. En outre, sous-nutrition et obésité coexistent à l’échelle mondiale. Dans ce contexte, il est aujourd’hui devenu crucial pour les Etats et les entreprises agro-alimentaires de favoriser la transition des systèmes alimentaires, de permettre l’émergence de nouveaux modes de production et de consommation alimentaire, et de développer de nouvelles formes d’organisation industrielle des marchés d’approvisionnements et des circuits de commercialisation. Les objectifs affichés sont de garantir la sécurité alimentaire des populations, l’accessibilité à une alimentation saine, et une réduction des impacts environnementaux du secteur agro-alimentaire.

Quelles sont les interactions entre la dynamique des innovations agro-alimentaires et celle des comportements de consommation ? Quelles sont les conséquences environnementales de ces interactions ? Quels sont les effets des politiques publiques nationales et internationales de promotion d’une alimentation durable, tant au niveau micro-économique (comportements des consommateurs et des entreprises agro-alimentaires) qu’au niveau macro-économique ? Quel est l’impact de ces politiques sur l’environnement ?