Éthique, Inégalités, Économie Politique
L’élargissement de la problématique doit certainement aller jusqu’à intégrer aussi bien les questions d’équité inter et intra- générationnelle que les modes de délibération et de décision collectives des citoyens pour mesurer et contribuer à l’acceptabilité sociale des transitions en jeu. La question des effets redistributifs et des inégalités engendrées par les politiques environnementales s’impose comme une dimension sociale essentielle qui ne peut plus être laissée de côté.
Ce projet porte sur l’économie politique du changement climatique et les identités sociales. Il part du constat suivant : ces dernières années ont été marquées par la montée en puissance de divers mouvements de protestation citoyenne liés à l’élaboration des politiques environnementales. Face à l’urgence de s’attaquer aux problèmes environnementaux mondiaux, il est essentiel de comprendre comment ces nouveaux clivages citoyens sont formés et comment ces divisions affectent les décisions de politiques environnementales. Il s’agit aussi de proposer des méthodes pour mieux intégrer la dimension sociale (inégalités) dans les critères d’évaluation des politiques environnementales, compte tenu de la répartition très hétérogène des impacts environnementaux et des marges de manœuvre existantes pour la répartition des efforts et des compensations.
La justice économique est par ailleurs mobilisée dans les recherches actuelles sur les critères de choix collectif à appliquer pour les problèmes de long terme tels que le changement climatique. Des questions délicates se posent, liées d’une part à l’incertitude du futur et d’autre part aux droits des absents (les générations futures).
Comme toute taxe indirecte, la fiscalité écologique réduit le pouvoir d’achat des consommateurs et affecte a priori la croissance et l’emploi. Elle est en outre régressive, c’est-à dire qu’elle pénalise relativement plus les consommateurs pauvres que les consommateurs riches, car les biens polluants sont souvent indispensables, comme les carburants pour le transport ou les combustibles pour le chauffage. Néanmoins, pour être complète, toute analyse des effets de la fiscalité écologique sur les inégalités doit aussi prendre en compte ses impacts sur le niveau de l’emploi et du chômage via la formation des salaires.
- Voir le projet "Économie publique et politiques environnementales"
Les politiques fiscales liées à la protection de l’environnement, à l’endettement public et au développement durable doivent être soumises à un examen tenant compte aussi bien des effets macroéconomiques que des conséquences en matière d’inégalités et de pauvreté, à l’échelle nationale mais aussi à l’échelle mondiale. Au niveau national, les modalités de redistribution des recettes des taxes environnementales peuvent être déterminées afin d’en corriger les effets régressifs. Une redistribution ciblée de ces recettes fiscales peut permettre d’obtenir un double dividende et de réduire les inégalités induites par la politique environnementale.
- Voir le projet "Économie politique de l’environnement"
Les médias et les ONG, les lobbyistes et les mouvements sociaux font partie des acteurs dont les stratégies et les motivations méritent une analyse approfondie, en raison de leur influence sur les décisions publiques et les comportements privés. Par exemple, les électeurs ont souvent un biais de confirmation lorsqu’ils reçoivent une information, c’est-à-dire qu’ils ont tendance à ne croire que ce qui valide leur a priori, ce qui peut avoir des conséquences complexes sur les décisions politiques des élus. Le rejet des politiques environnementales peut également s’expliquer par l’existence de motivations non-pécuniaires (e.g., identité, normes). Les processus socio-culturels (socialisation, imitation) contribuent à expliquer le changement intergénérationnel des valeurs environnementales. L’intégration de ces dynamiques au sein de modèles macroéconomiques de long terme permet de réévaluer le coût de la transition écologique et notamment de comparer l’efficacité des instruments de marché (e.g., taxes, permis) à celle de politiques non-monétaires telle que l’éducation.
Les décideurs politiques font l‘objet d’un examen similaire de leurs comportements, dans des contextes nationaux et internationaux, y compris les négociations d’accords environnementaux, en s’appuyant sur notre expertise en matière de prise de décision collective, de conception de mécanismes et de processus de négociation.